Or donc, le fameux Large Hadron Collider, le LHC, a redémarré, et il n’y a pas que les protons qui y soient projetés à la vitesse de la lumière. Les publications scientifiques aussi.

Les premières collisions de protons ont eu lieu le 23 novembre. Cinq jours plus tard, un article était déjà déposé sur ArXiv, un lieu virtuel qui accueille, depuis 1991, des articles qui, en physique et en mathématiques, sont en attente de publication. Trois autres jours, et il était accepté par l’European Journal of Physics.

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« C’est probablement un record », admet au New Scientist le physicien britannique David Evans, de l’Université de Birmingham, qui est à la tête du contingent britannique de l’équipe internationale d’ALICE, une des six expériences en cours au LHC. « Évidemment, ça a beaucoup à voir avec le prestige d’être le premier. »

L’European Journal of Physics n’est évidemment pas une revue dotée d’un comité de révision par les pairs. C’est une publication qui sert à afficher des résultats préliminaires, en attendant les « grandes » annonces qui viendront —peut-être— en 2010 ou 2011. Ou 2012. Ou 2013.

Mais la rapidité surprend tout de même. En fait, l’essentiel de l’article était écrit et approuvé avant même que ce super-accélérateur de particules ne soit redémarré, après 14 mois d’interruptions. Il ne restait qu’à remplir les blancs, avec les chiffres illustrant les dégagements d’énergie qui ont été détectés lors des premières collisions de protons.

Le LHC avait alors été poussé à 450 milliards d’électrons-volts, ce qui est un bien grand chiffre mais n’est tout de même que 15 fois moins que l’objectif de 7000 milliards d’électrons-volts (ou 7 TeV, pour faire plus simple). Le 1er décembre, il a dépassé la barre des 1 TeV, battant le record établi précédemment par l’accélérateur de particules américain Tevatron.

Si tout va bien, il pourrait atteindre les 7 TeV en 2011 après avoir longuement analysé la montagne de données récoltées aux énergies « inférieures ».

Tentative d'explication
Quatre forces gouvernent notre Univers : la gravité, l’électromagnétisme, la force nucléaire faible, la force nucléaire forte. Pourraient-elles être quatre variantes d’une même grande force? Qu’elles s’appellent Modèle standard, supersymétrie ou théorie des cordes, les hypothèses tentent de toucher du doigt cette grande simplification... Et c’est la raison de l’existence de ce monstre qu’est le LHC.

Plusieurs physiciens prétendent qu’à une énergie de quelques TeV pourrait apparaître le mythique boson de Higgs, une particule dont l’existence confirmerait la justesse du Modèle standard. Mais d’autres espèrent qu’on trouve beaucoup d’autres particules, ce qui renverrait le Modèle standard sur les tables à dessin et renforcerait la théorie de la supersymétrie, qui a pour avantage non négligeable d’expliquer l’existence de la matière sombre —cette chose qui représente plus des quatre cinquièmes de la masse de l’univers (voir ce dossier du New Scientist).

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