Il y a quelques années, des découvertes éparses laissaient suggérer qu’un peuple encore inconnu avait construit des villes et des routes en plein coeur de l’Amazonie. Aujourd’hui, on n’a plus à chercher : suffisait d’attendre que les arbres aient été coupés!

Les plus récents signes de cette civilisation pas si inconnue proviennent de... Google Earth! C’est en effet bien confortablement derrière son ordinateur que Denise Schaan, de l’Universisté fédérale de Para, au Brésil, a fait certaines des nouvelles « découvertes » (il convient de mettre entre guillemets, parce que les premières études solides à son sujet remontent au moins aux années 1980). Quelque 260 avenues, fossés et enceintes, dans une région située non loin de la frontière de la Bolivie, sont décrites dans l’étude parue dans la revue Antiquity.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

La croyance populaire, écrit le New Scientist, veut encore qu’il n’existait pas de sociétés avancées dans le bassin amazonien, lors de l’arrivée des Européens —les Incas étant de l’autre côté des montagnes, plus près de la côte du Pacifique. Mais c’est en réalité depuis 2003 que les chercheurs parlent de ces villes de l’Amazonie. Comme nous le rapportions à l’époque :

Il a fallu une dizaine d'années de travail à l'équipe qui vient de publier dans la revue Science pour "déterrer" et dresser une carte: pas moins de 19 villages, certains entourant des habitats plus petits, reliés entre eux par des routes, certains protégés par tranchées, une agriculture apparemment bien réglée sur l'ensemble du territoire, et de la coupe d'arbres dans certains secteurs choisis. Le tout dans une région appelée le haut-Xingu, au centre de l'actuel Brésil.

Et la découverte intrigue à plus d'un titre: en général, une civilisation plus avancée se développe plus facilement lorsqu'elle a un accès à la mer, puisque celle-ci fournit à la fois nourriture et routes commerciales. Ici, rien de tel: une civilisation axée sur la forêt et ses ressources. Certains de ces villages, si on se fie à leur taille, auraient pu abriter de 2500 à 5000 personnes, ce qui est énorme pour l'époque.

Il est par contre ironique que ce soit la déforestation massive qui révèle progressivement cette civilisation. « Nous découvrons de nouvelles structures chaque semaine », s’exclame avec enthousiasme Denise Schaan.

Ces villes et villages étaient manifestement interconnectés, à en juger par les routes. Les archéologues estiment que l’apogée de cette société se situerait entre 1200 et 1400. On n’a pour l’instant aucune trace d’une forme d’écriture.

Je donne