On ne s’étonne pas qu’un congrès sur la vie extraterrestre, cette semaine à Londres, spécule sur la biologie et la chimie, sans parler de l’astronomie. Mais la religion? Une enquête s’est intéressée à ce qu’il adviendrait des grandes religions du monde, si on découvrait un jour une forme de vie étrangère.

Et l’optimisme est de rigueur. Croyants ou non-croyants, bouddhistes ou chrétiens, seule une minorité croit que sa religion ou ses croyances personnelles seraient ébranlées —encore que les catholiques soient plus nombreux (22%) à croire que cela affecterait leur religion. Pas aussi nombreux, toutefois, que les 205 non-croyants interrogés, qui sont 69% à croire que cela causerait une crise... chez toutes les religions!

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L’enquête, menée auprès de 1300 personnes, a été conçue par Ted Peters, professeur de théologie au Séminaire théologique luthérien du Pacifique, en Californie. Et Ted Peters était l’un des 250 participants à ce congrès sur la vie extraterrestre, qui avait lieu les 24 et 25 janvier à la Société royale de Londres.

Chose certaine, c’est le moment où jamais de s’adapter pour les religions, parce que tous les éléments semblent se mettre en place pour les préparer à une grande découverte. Par exemple, est venu souligner le président de la Société royale, Martin Rees, d’ici deux ou trois ans, le nouveau télescope spatial Kepler pourrait détecter la présence de planètes de même taille que la Terre autour d’autres étoiles —une recherche qui n’existait pourtant même pas au début des anneés 1990.

Mais certains sont beaucoup moins enthousiastes que d’autres : et si les E.T. étaient méchants? Un journaliste de Nature nous présente le paléobiologiste Simon Conway, de l’Université Cambridge :

Il cite des exemples d’évolutions convergentes dans l’histoire biologique de la Terre comme preuves qu’il existe un nombre limité de solutions aux problèmes d’organisations [physiologiques] et sociaux... La vie sociale ailleurs pourrait être aussi violente que sur la Terre, où les fourmis font du pillage et où les humains se font la guerre. « Si le téléphone sonne, dit-il, ne répondez pas. »

Le colloque britannique, intitulé The Detection of Extra-terrestrial Life and the Consequences for Science and Society, est organisé à l’occasion du 50e anniversaire du premier effort d’écoute du ciel —un effort qui a fait passer la recherche d’extraterrestres du clan des petits hommes verts aux radio-astronomes. Mais celui-là même qui avait lancé ce premier effort, l’astronome Frank Drake, est venu dire que la quête était plus difficile qu’on ne l’avait imaginé à l’époque.

Notre évolution technique, de l’analogique au numérique, en témoigne, dit-il : nos signaux radio s’éparpillent de moins en moins dans l’espace, à mesure que la technologie devient plus précise. Conséquence, la Terre « devient plus silencieuse », et s’il en est de même ailleurs dans l’Univers, ça augure mal pour les radio-astronomes.

Le colloque britannique est également organisé à l’occasion du 350e anniversaire de la prestigieuse Société royale —qui prend bien soin de souligner que c’est son premier colloque en 350 ans qui parle de vie extraterrestre! Une autre révolution...

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