teles.jpg
L’affaire Villanueva alimente encore les nouvelles. De récentes photos ramènent dans l’actualité ce drame qui a entraîné la mort du jeune Fredy Villanueva en août 2008. Il avait été suivi de violentes émeutes dans l’arrondissement Montréal-Nord.

Ce dramatique événement est devenu le second sujet média de 2008 au Canada. Bien avant la météo et les Jeux olympiques, ce sujet a été relayé dans 28 pays. C’est dire que peu de journalistes l’ont vu, mais beaucoup en ont parlé!

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Certains à tort et à travers. « Ils ont construit des portraits stéréotypés des émeutiers alors que la plupart n’étaient même pas sur le terrain pour en témoigner », explique André-Yanne Parent, étudiante à la maîtrise en anthropologie à l’Université de Montréal.

L’étudiante présentait en début de semaine une analyse des discours dans la presse francophone lors du colloque Discours et pratiques journalistiques présenté dans le cadre du congrès 2010 de l’ACFAS.

Si La Presse et Le Devoir ont fait du « bon travail » en cherchant à identifier les causes sociales des émeutes, ailleurs, c’est surtout le discours des officiels (police, mairie, etc.) qui a été transmis.

Et ce qui n’aurait pu être simplement un banal fait divers a tourné au spectaculaire, tant à l’antenne des journaux télévisés qu’au sein des quotidiens. « Il y a eu beaucoup d’incompréhension et de démagogie de la part des journalistes », conclut l’étudiante.

Lorsque le journal télévisé fait son cinéma

Locomotive de l’information, le journal télévisé (JT) reste encore très populaire. Près 1/4 de l'écoute télévisuelle canadienne (Québec inclus) irait à l'écoute de l'information, ce qui représente environ près d'une heure par jour.

En peloton de tête de l’information, le JT de TF1 (France) rassemble encore près de 7 millions de téléspectateurs — l’équivalent de la population du Québec! — tous les soirs à 20 heures.

« Le JT est loin de mourir », affirme Marie-Eve Carignan, doctorante en communication de l’Université de Montréal. À l’aide d’un outil quantitatif inspiré des travaux de Georges Gerbner (Cultivastion analysis), l’étudiante a scruté le JT à la loupe : thèmes abordés, présentation, etc.

Une première analyse de contenu de quatre JT (TF1, France 2, SRC et TVA) a déjà permis de mettre à jour la grande similarité des bulletins de nouvelles. Les cinq premiers thèmes d’intérêt sont les mêmes — politique (locale), économie, lois, droits et libertés et médias — dans un ordre différent.

« Le JT de Radio-Canada s’intéresse cependant plus souvent à l’armée et aux affaires militaires et celui de TVA aux célébrités. Du côté de TF1, c’est plutôt les transports et l’éducation qui reviennent tandis que celui de France 2 a une certaine inclinaison pour la mort », précise l’étudiante.

Pour plaire à son public, la « grande messe » changerait aussi d’allure. « Avec toutes les astuces hollywoodiennes (dilatation du temps, champ-contrechamp, etc.), le journal télévisé est très agréable à regarder. Mais il montre plus et explique moins », soutient de son côté Mario Zunino, étudiant en communication à l’UQAM.

Cette « infociné » va pourtant laisser les téléspectateurs sur leur faim. « Lorsqu’ils éteignent la télévision, ils auront l’impression de n’avoir rien appris d’essentiel », croit l’étudiant.

Je donne