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Après 40 jours, la science commence finalement à mettre son doigt dans la nappe de pétrole. En dépit de la disproportion des forces entre chercheurs et compagnies pétrolières.

Le New York Times rapporte que la National Science Foundation a commencé à émettre des subventions « rapides » pour des équipes sur le terrain. Quant à la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), l’agence américaine qui est aux océans ce que la NASA est à l’espace, elle a envoyé « ses » bateaux sur place. Enfin, c’est d’un navire universitaire (University of South Florida) qu’est venue la semaine dernière la confirmation qu’il y a bel et bien au moins une nappe de pétrole sous-marine, invisible à l'oeil nu. Parallèlement, la compagnie BP a promis un « don » de 500 millions$ sur 10 ans pour la recherche scientifique dans le golfe du Mexique.

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Qu’espèrent étudier ces scientifiques avec ces fonds d’urgence? D’une part, l’usage des dispersants : leur impact sur la vie marine est-il aussi négatif qu’on le craint? D’autre part, les nappes sous-marines : comment se déplacent-elles? Peut-on prévoir ces déplacements? Et comment les détecter? Pour l’instant, c’est par la prise d’échantillons à différentes profondeurs que le navire universitaire a confirmé la signature chimique de cette nappe de pétrole. Les photos satellites ne sont d’aucune utilité, et même un plongeur, s’il était capable de survivre à des centaines de mètres de profondeur, ne les verrait pas.

Sous le microscope, d’autres se pencheront aussi dans les prochaines semaines sur un mélange des deux phénomènes, les dispersants et les nappes sous-marines : car si on sait que les produits dispersants réduisent le pétrole à l’état de gouttelettes, que sait-on de l’impact de ce produit toxique qu’est un dispersant, lorsque des poissons avalent les gouttelettes qui en contiennent?

Il n’y aura pas de conclusions faciles : contrairement à l’impression que donneront, dans les prochaines semaines, les inévitables images de pélicans noircis, il pourrait s’écouler des années avant qu’on ait des réponses définitives. Les semaines écoulées avant que les scientifiques ne puissent commencer leurs analyses, jouent contre eux : ils arrivent sans base de comparaison avec « l’avant ».

De plus, ils sont en déficit : la technologie pour étudier à 1500 mètres de fond est beaucoup plus une technologie conçue par et pour... les compagnies d’exploitation pétrolière. Comme l’écrit cyniquement le journaliste du Times : « explorer et protéger le golfe du Mexique n’a pas été une priorité nationale aussi élevée que de forer pour le pétrole ».

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