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Si les radicaux libres ont mauvaise réputation, c’est que ces molécules dérivées de l’oxygène attaquent nos cellules et accélèrent le vieillissement des tissus. Pourtant, les radicaux libres peuvent aussi aider le corps à combattre les agressions, des bactéries aux virus.

Des chercheurs québécois ont récemment mis à jour les dessous de ce complexe système de défense antiviral. « Lorsque surgit une agression, la production de radicaux libres permet à notre organisme de limiter la réplication du virus. Cette production induit l’inflammation, notre réponse de l’organisme à l’attaque », explique Nathalie Grandvaux, professeure de biochimie à l’Université de Montréal et chercheuse au Centre de recherche du CHUM.

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Les radicaux libres produits en quantité importante sont connus pour causer une oxydation mortelle détruisant les composés de nos cellules (ADN, lipides ou protéines). Mais lorsque l’organisme subit une attaque bactérienne ou virale, ils joueraient plutôt un rôle défensif en éliminant les intrus. Le mécanisme de production de ces molécules « utiles » se déclenche au sein même de la cellule infectée.

Les chercheurs ont pu vérifier cette réaction au sein de cellules pulmonaires mises en contact avec deux virus : le SeV (Sendai virus) utilisé comme modèle de virus respiratoire en laboratoire et un second, responsable de bronchiolite et de nombreux cas d’asthme, le Respiratory Syncytial Virus (RSV). Les résultats de ces travaux font l’objet d’une récente publication dans la revue PloS Pathogens.

Une arme de précision

L’agresseur vient de pénétrer dans la cellule. L’alerte des capteurs — RIG-I et Mda 5 — est lancée à travers une voie de signalisation spécifique. Au sein de la mitochondrie, la « centrale énergétique » de la cellule, une protéine – la MAVS — transmet le signal pour actionner les gènes antiviraux.

L’organisme réagit immédiatement. Il prépare la contre-attaque en stimulant une enzyme – la NOX2 — qui transformera les atomes d’oxygène de la respiration en une arme d’attaque. Les capteurs cellulaires sont formels : « Pas de capsule, c’est un virus. Envoyez directement les radicaux libres! » Le système de défense injecte alors une microdose de ces molécules actives afin de maintenir le niveau de la protéine MAVS à un niveau efficace.

« L’objectif est que la cellule survive. Les radicaux libres, produits en dose infime, seront acheminés à un emplacement exact dans la cellule. Ainsi, le reste de la cellule est protégé », explique la chercheuse.

L’identification nouvelle de cette stratégie de défense de l’organisme offre aux chercheurs un meilleur portrait du système immunitaire inné. C’est également une nouvelle piste pharmacologique qui s’ouvre : la promesse de pouvoir stimuler, à la demande, la libération de radicaux libres au sein des cellules infectées à l’aide d’un médicament.

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