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Les taches solaires, ces zones d'ombres qui vont et viennent à la surface du soleil, ont disparu. Une indication inquiétante des activités de la boule de feu. Surtout de ses impacts possibles sur la Terre.

Les télescopes n'ont aperçu aucune tache solaire depuis deux ans, du jamais vu depuis 100 ans, s'inquiète David Hathaway, un physicien de la NASA's Marshall Space Flight Center.Ces zones d'ombres révèlent une partie de l'activité intérieure du Soleil. Leur disparition présume qu’on assisterait à un ralentissement de son activité magnétique. Pire, on spécule même que l'étoile serait en train de rapetisser.

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Les astronomes observent les taches solaires depuis des siècles. Elles naissent sous l'effet simultané d'une réduction de température à un endroit bien précis sur la surface du Soleil et d'une activité magnétique très intense. Elles émergent pendant quelques jours, sinon quelques semaines, pour ensuite s'estomper. Ce cycle se répète tous les 11 ans.

L'apparition de groupes de taches solaires précède normalement des tempêtes magnétiques d'une magnitude exponentielle. Les explosions qui en résultent libèrent une quantité d'énergie supérieure à une bombe atomique multipliée par 1 000 000 000. Leur disparition annonce la fin des tempêtes jusqu'à la formation de nouvelles taches.

Les récents soubresauts de l'activité du Soleil inquiètent cependant les spécialistes pour deux raisons : la première touche la variabilité des cycles et la seconde, qu'une pause inhabituelle dans la formation des taches solaires indiquerait une reprise imminente de l'activité magnétique d'une rare intensité. Avec des répercussions possibles sur Terre.

L'activité solaire déréglée? Les prédictions de cycles ont été déjouées dès 2008, avec une année sans tache solaire dans 73 % du temps (il n'y a pas de taches dans 73 % des cas. Il faut retourner en 1913 pour observer un creux d’activité similaire dans 85 % du temps. En 2009, alors qu'on prévoyait un regain d'activité, rien n'arrive. Les taches solaires sont réapparues à la mi-décembre seulement, en sous nombre par rapport aux prédictions des astronomes.

En réalité, l'explication de la variabilité des cycles se situe à l'intérieur du Soleil, pas en surface. Le gaz présent à l’intérieur de l’étoile prend 40 ans à voyager vers l'extérieur, un va-et-vient continu qui transporte dans son sillage des débris et des courants magnétiques.

En 2004, l'équipe de David Hathaway avait déjà remarqué une accélération de la circulation gazeuse. Une réaction en contradiction avec les prédictions théoriques des astronomes. À la surface du Soleil, les données relatent une hyperactivité par vagues séismiques. Paradoxalement, l'intérieur du Soleil affichait plutôt une énergie au ralenti.

Un lien avec le réchauffement climatique? Les récentes perturbations solaires influenceraient le climat sur la Terre. En effet, un nombre moins grand de taches solaires diminuerait l'intensité du rayonnement vers la Terre. Un contrepoids naturel à l'augmentation des températures terrestres dues aux gaz à effet de serre avancent certaines théories.

Selon une recension des températures de 1650 à nos jours, les hivers européens ont été beaucoup plus rudes pendant les périodes d'inactivité des taches solaires. Cette observation de Michael Lockwood, un professeur de l'environnement spatial à l'Université de Reading, s'applique aussi à l'hiver particulièrement rigoureux qui a frappé l'Europe, en 2009-2010. « L'influence de l'activité solaire ne perturbe pas le climat à l'échelle planétaire, mais provoque des changements significatifs à l'échelle régionale. »

L'exemple rappelle l'effet Minimum de Maunder, une période de 1645 à 1715 où les taches solaires avaient presque complètement disparu. L'arrivée d'un phénomène similaire, des années 2010 à 2100, limiterait le réchauffement climatique à 0,3 degré Celcius, selon les analyses de Goerg Feulner et Stefan Rahmstorf, de l'Institut Potsdam sur la recherche de l'impact du climat, en Allemagne.

D'autres études seront nécessaires pour approfondir les répercussions de l'activité solaire sur les changements climatiques, n’en déplaise aux adeptes de la théorie d'une nouvelle ère de glace à venir. Et surtout pour éviter la déresponsabilisation humaine face l'augmentation des températures.

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