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Moins connue que sa comparse du Pacifique, la « poubelle de l’Atlantique » rassemble elle aussi des millions de tonnes de plastique. Mais voici l’énigme : elle ne grossit pas. Alors où s’en va tout le plastique?

Des chercheurs ont mis deux décennies à en comprendre les mécanismes —c'est-à-dire la route que suivent ces déchets pour arriver dans cette région. Ainsi que la « géographie »: ce n’est pas, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, une île de plastique : non seulement les cartes de ces chercheurs révèlent-elles une mosaïque de points chauds dans l'ouest de l'Atlantique nord et la mer des Antilles. Mais en plus, décrivent-ils, lorsqu’on est sur place, peu de plastique est visible à l’oeil nu.

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C’est en recueillant des échantillons d’eau de mer, comme ils l’ont fait pendant 22 ans, qu’on s’aperçoit que ce qu’on a sous les yeux n’est pas juste de la banale eau de mer.

« Plus de 64 000 morceaux de plastique récoltés dans 6100 endroits », entre 1986 et 2008. Ces résultats avaient été annoncés en février lors d’un congrés d’océanographie (nous en faisions état ici). Et ils sont parus cette semaine dans la version électronique de la revue Science .

Le morceau typique se mesure en millimètres et les chercheurs en ont « pêché » dans plus de 60% des occasions où ils ont descendu leurs filets à plancton.

Où s'en va notre plastique?

Mais comment expliquer que la présence de ce plastique n’ait pas augmenté pendant ces deux décennies, alors que notre consommation de plastique, depuis 20 ans, est loin d’avoir diminué? Trois hypothèses :

- Le plastique continue de se dégrader en des fragments trop petits pour être pris dans les filets; - ou bien les débris coulent au fond de l’océan, lorsque la croissance de micro-organismes sur leur surface les rend trop lourds; - ou bien ils sont bouffés par les habitants de la mer.

Dans le Pacifique, où on appelle ça la Grande plaque (Great Pacific Garbage Patch), il a été établi l'an dernier que les morceaux de plastique, spécialement les plus colorés, sont devenus une cible de choix des albatros —le record est détenu par un oiseau retrouvé mort avec 306 morceaux dans son estomac!

Mais dans l’Atlantique, on parle de fragments beaucoup plus petits : sont-ils plus faciles à digérer ou s’accumulent-ils dans l’organisme des poissons? Personne n’en sait rien, tant les biologistes en sont encore au stade de la découverte de ces poubelles. Grâce à ce travail de longue haleine, ces chercheurs de différentes équipes (Sea Education Association, un organisme privé, l’Institut océanographique Woods Hole et l’Université d’Hawaii) peuvent maintenant dresser la carte des courants marins qui ont fait converger ces déchets vers ces régions. Mais quant au sort final des fragments de nos milliards de sacs, bouteilles et autres emballages, on est encore loin de la réponse.

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