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Il y en a qui filment des oiseaux, d’autres des trains, des ruelles ou des enfants. Et il y en a qui filment... des bombes atomiques.

Le métier n’a plus autant à filmer qu’à l’époque où les États-Unis menaient de nombreux essais nucléaires sur leur territoire. La source s’est tarie. En fait, le métier lui-même s’est tari : ils ont tous pris leur retraite, et quelques-uns sont morts... de cancers.

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Le New York Times publiait discrètement, cette semaine, un article sur ces hommes : « alors que la plupart des scientifiques qui ont fabriqué les bombes atomiques pendant la guerre froide sont devenus célèbres, les hommes qui ont filmé ce qui s’est passé lorsque ces bombes ont explosé, sont devenus une unité secrète ».

Leur existence est sortie de l’ombre ces dernières années, en même temps que les historiens mettaient progressivement la main sur ces films. 6500 furent tournés, selon les autorités fédérales. Une profusion d’images jusque-là inédites, qui alimente des documentaires de la télé et du cinéma, dont un qui fait beaucoup parler de lui ces dernières semaines, Countdown to Zero .

Ils avaient même leur bâtiment... à Hollywood. Appelé le Lookout Mountain Laboratory, il s’agissait d’un bâtiment entouré d’une barrière électrifiée, raconte le Times, qui abritait tout ce dont ils pouvaient avoir besoin... afin d’éviter le plus possible d’avoir à faire appel à l’extérieur : salle de montage, studio de tournage, équipement d’animation. Au plus fort de sa production, l’unité comptait 250 personnes —chacune avec un accès à une l’information —ces films— classée par l'armée « top secret ».

« Ils sont des patriotes méconnus », déclare un Peter Kuran convaincu, auteur d’un livre de 2006, How to Photograph an Atomic Bomb. Après les deux bombes lancées sur le Japon en 1945, les États-Unis ont fait exploser, entre 1946 et 1962, plus de 200 bombes expérimentales, dans le Nevada et dans le Pacifique. Les films, espérait-on, pourraient ramener des informations essentielles pour les scientifiques —par exemple, sur la puissance destructrice de l’engin, lorsqu’on s’en servait pour détruire un faux village. Ils ont aussi servi à « l’édification » des élus qui, à Washington, étaient responsables de l’attribution des budgets militaires.

En 1963, les superpuissances signaient un traité par lequel ils mettaient fin aux explosions atomiques « atmosphériques », pour se replier sur des explosions souterraines. Ce fut la mort du cinéma. Il faudra attendre 1997 pour que le gouvernement annonce son intention de rendre progressivement publique cette montagne d’archives, à petites doses. Un effort interrompu en 2001, une époque soudain moins propice au dévoilement d’informations stratégiques, si anciennes soient-elles...

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