dreamstime_15592436.jpg
Une tranche de pain trempée dans le chocolat et accompagnée d’un verre de jus de pommes : tous trois ont livré leurs secrets... et pourraient être produits en plus grandes quantités.

C’est l’argument qu’on a pu entendre à trois reprises depuis un mois : notre recherche permettra aux agriculteurs qui utilisent des méthodes traditionnelles d’obtenir des pousses plus solides, plus productives et plus résistantes.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

La recherche en question, c’est le décodage des gènes du blé annoncé le 27 août, de la pomme publié dans Nature Genetics le 29 août, et de l’arbre à cacao mis en ligne le 15 septembre.

Des trois, le blé est de loin le plus significatif, puisqu’il nourrit une bonne partie de la population mondiale (derrière le riz). C’est aussi le plus complexe : cinq fois la taille du génome humain. Mais c’est aussi le décodage le moins avancé des trois : en fait, il s’agit du séquençage encore incomplet d’une seule variété, le blé du printemps chinois, et ici et , des reportages ont ronronné du mécontentement de généticiens face à une annonce qu’ils jugent un brin prématurée. « La séquence brute produite par l’équipe britannique pourrait être vue comme l’équivalent d’avoir un assemblage de lettres, dans le désordre, composant une encyclopédie », lit-on dans le communiqué du Consortium international de séquençage du génome du blé.

Mais des trois, c’est le cacao qui est de loin la culture la plus controversée : 6 millions et demi de fermiers, la plupart en Afrique, vivent, parfois exclusivement, d’une culture qu’à peu près seuls les consommateurs de pays lointains peuvent se payer. C’est une culture qui, de plus, est très vulnérable aux maladies et aux insectes : en 1989, le Brésil, qui en était le deuxième producteur mondial, a vu son cacao dévasté par un champignon, et ne s’en est toujours pas remis.

Enfin, alors que les recherches sur le blé et la pomme ont été financées par des fonds publics, le décodage du génome de l’arbre à cacao a été financé par le géant du chocolat, Mars (10 millions$ sur deux ans, plus une contribution en services d’IBM et du ministère américain de l’Agriculture).

Et pourtant, des trois, c’est le cacao qui est déjà le plus « public » : Mars et ses partenaires ont immédiatement mis en ligne le tout —la Base de données du génome du cacao. Ce qui leur enlève toute velléité d’en breveter des gènes.

Une autre équipe internationale dirigée en France depuis le CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), a publié un communiqué, le 15 septembre elle aussi, annonçant avoir elle aussi complété le séquençage du Criollo, une variété d’arbre à cacao cultivée en Amérique centrale. Avec un financement provenant en partie de Heshey, autre multinationale du chocolat. Le porte-parole de Mars a nié avoir « précipité » la publication de « son » séquençage pour couper l’herbe sous le pied de son rival.

Je donne