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Meilleure chance la prochaine fois? La détection d’une planète tournant autour d’une autre étoile que notre Soleil a généré beaucoup d’excitation la semaine dernière. Mais les chances d’y trouver de la vie sont minces.

Depuis 1995, les astronomes ont détecté près de 500 planètes tournant autour d’étoiles autres que notre Soleil. Toutes, ou presque, sont des boules de gaz géantes, comme Jupiter — ou même, dans la majorité des cas, plus grosses que Jupiter — donc impropres à la vie telle que nous la connaissons. La majorité sont beaucoup trop près de leur étoile pour que l’eau puisse y « survivre » à l’état liquide — un ingrédient indispensable à la soupe chimique qui deviendra de la vie.

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Mais voici qu’avec Gliese 581, une étoile d’apparence banale appelée naine rouge, l’excitation est montée. Ses découvreurs eux-mêmes y ont contribué, avec une phrase, dans leur article à paraître dans l’Astrophysical Journal, qu’on ne trouve pas souvent dans un article scientifique :

« Notre Voie lactée pourrait fourmiller de planètes potentiellement habitables ».

Certes, elle a deux atouts que n’avaient pas la majorité des planètes découvertes depuis 1995 :

  1. elle ne fait que trois ou quatre fois la masse de la Terre, ce qui signifie qu’il s’agit probablement d’une planète rocheuse — comme la Terre, Mars ou Vénus — et non d’une planète gazeuse — comme Jupiter, Saturne ou Uranus.
  2. Elle est juste à la bonne distance de son étoile, ni trop près (trop chaud), ni trop loin (trop froid); dans ce que les astronomes appellent la « zone habitable ».

Alors pourquoi plusieurs s’empressent-ils de dire que les chances d’y trouver de la vie sont minces? La première raison, explique le journaliste Lee Billings dans Seedmagazine.com, est que la méthode de détection relève « de la devinette ». Pratiquement aucune planète extrasolaire n’a été prise en photo. On les détecte par l’influence qu’elles exercent sur leur étoile en lui tournant autour — un peu comme, dans le sport olympique du lancer du disque, le disque « attire » vers lui le lanceur à mesure qu’il lui tourne autour.

Autrement dit, la force d’attraction exercée sur l’étoile permet de déduire la masse de la planète et sa distance. Mais il y a une marge d’erreur, et Gliese 581 elle-même a déjà amené des astronomes peut-être trop pressés à faire une annonce prématurée... deux fois. En 2007, une équipe suisse annonçait la découverte d’une planète située aux limites intérieures de la zone habitable, puis d’une autre située aux limites extérieures : dans les deux cas, des calculs ultérieurs révéleraient que les deux planètes étaient en fait, l’une plus près, l’autre plus loin, que ce qui avait été d’abord annoncé.

L’autre problème est que cette méthode ne permet pas d'avoir la moindre information sur l’atmosphère d’une planète — ni même de savoir si elle en a une. Pour cela, il faudrait que cette planète passe exactement entre son étoile et nous, ce qui n’arrive que dans un petit nombre de cas —les astronomes appellent cela un « transit ». Ou bien... il faudra attendre des télescopes plus puissants. En théorie, le télescope Kepler, lancé en 2009, et le James Webb, qui doit remplacer le télescope spatial Hubble en 2014, devraient être capables de récolter quelques embryons d’information sur l’atmosphère, ou la présence de vapeur d’eau, autour de plusieurs planètes extrasolaires connues et surtout de plusieurs encore inconnues (Kepler a déjà commencé à afficher un impressionnant tableau de chasse).

Et enfin, il y a le « problème » de la naine rouge. Bien que fort répandu dans notre galaxie, ce type d’étoile est très différent de notre Soleil. Trois fois plus petit, 100 fois moins brillant : de ces différences pourrait résulter un processus de formation des planètes différent du nôtre, suppute Caleb Scharf, directeur du Centre d’astrobiologie à l’Université Columbia.

Pessimistes, les astronomes? Prudents, nuancent ceux qui reprochent à l’un des découvreurs de Gliese 581g, Steve Vogt, de l’Université de Californie, son envolée lyrique lors de la conférence de presse du 29 septembre : « les chances de trouver de la vie sur cette planète sont de 100% ».

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