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Sur du beau papier jauni, des asperges (Halyun asparagus) dressent leurs têtes écarlates. En face, deux plants de kabîkaj (Ranunculus asiaticus) exhibent de pâles fleurs jaunes. Cette plante toxique — connue aussi sous le nom de renoncule ou « fleur de l’amour » — était particulièrement prisée à l’époque médiévale pour soigner les verrues, les ulcères et aider à la conception.

« Le livre des remèdes simples d’al-Ghafiqi est une encyclopédie unique des plantes médicinales utilisées au début du Moyen-Âge », explique Pamela Miller, bibliothécaire de la Bibliothèque Osler de l’histoire de la médecine de l’Université McGill.

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L’Herbier d’al-Ghafiqi, du nom de l’illustre savant islamiste du 12e siècle versé dans la botanique et la pharmacologie, Abù Ja’far Ahmad ibn Muhammad al-Ghàfiqi, rassemble 475 entrées dont 367 illustrations en couleur accompagnées de calligraphie arabe.

Le manuscrit, a été acquis en 1912 par le célèbre professeur de médecine de l’Université McGill, Sir William Osler auprès d’un admirateur, le Dr M. Sa’eed of Hamadan (Iran).

Il s’agirait d’une reproduction de l’Herbier d’al-Ghafiqi datant de 1265 — soit 100 ans après la mort de son auteur. « Elle a sans doute été produite pour un personnage de marque et illustrée par des artistes iraquiens de Bagdad. C’est l’un des premiers exemplaires illustrés de cet herbier », note la bibliothécaire. Le Projet Ghafiqi

Avec le Projet Ghafiqi, des scientifiques internationaux se pencheront durant les trois prochaines années sur cet ancien traité de plantes médicinales. Les chercheurs évalueront le contenu médicinal, mais aussi la portée historique de cet herbier magnifiquement illustré et très ancien.

Ainsi, l’historien de la médecine et des sciences Alain Touwaide du Smithsonian Institut s’intéressera aux connaissances liées à l’identification des plantes de l’herbier : d’où proviennent-elles (de la nature ou d’autres manuscrits plus anciens)? Que nous disent-elles sur l’histoire de la médecine, de l’agriculture et du commerce de cette époque?

« Nous allons nous livrer à une étude plus approfondie de ce manuscrit rare. Nous espérons en publier trois volumes : un facsimilé, une traduction et un commentaire académique. »

Seulement cinq autres versions de ce manuscrit existeraient : un à Rabat, qui couvre juste les sept premières lettres de l’alphabet, deux au Caire, un abrégé et un autre dont on ne retrouve pas la trace, tout comme les deux derniers, celui d’Istanbul et celui de Syrie ou de Libye. « Le manuscrit de Montréal est le seul que l’on peut admirer en Occident », souligne Pamela Miller.

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