dreamstime_351151.jpg
Si un nouveau traité international pour réduire les gaz à effet de serre semble très improbable par les temps qui courent, pourquoi ne pas élargir le traité sur la protection de la couche d’ozone? Ça ne réglerait pas tout le problème, mais ça boucherait un trou.

Idée audacieuse? Il est vrai que le traité en question, le Protocole de Montréal, avait été adopté en 1987 pour éliminer des polluants qui n’avaient rien à voir avec l’effet de serre, mais étaient plutôt responsables de la détérioration de la couche d’ozone, qui nous protège des rayons ultra-violet du Soleil. Sauf qu’une catégorie de produits toujours en circulation, les hydrofluorocarbones (HFC), pourrait être couverte par le Protocole de Montréal, et se trouve à être aussi sur la liste des substances responsables de l’effet de serre.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Les HFC sont beaucoup moins présents que le CO2 dans l’air, mais sont des centaines de fois plus dommageables. On les trouve dans des systèmes de climatisation et de réfrigération, où ils sont l’agent réfrigérant. Ils sont surtout produits en Chine et en Inde, mais les appareils qui en contiennent se retrouvent partout dans le monde. Ils ont remplacé des produits encore plus dangereux pour la couche d’ozone, les HCFC, qui ont eux-mêmes remplacé les CFC (chlorofluorocarbones), qui avaient été la première grande cible du Protocole de Montréal.

Selon une estimation parue l’an dernier dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, avec l’augmentation rapide des systèmes de climatisation dans les pays riches et moins riches, les émissions des HFC pourraient représenter, en 2050, l’équivalent de 5,5 à 8,8 milliards de tonnes de CO2; en comparaison, les émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis, en 2007, étaient de 6,1 milliards de tonnes.

Les représentants des signataires du Protocole de Montréal se rencontraient lundi à Bangkok, en Thaïlande, pour leur 22e réunion annuelle : c’est là qu’a été lancée cette idée d’élargir le Protocole pour qu’il englobe les HFC.

Plus intéressant encore, soulignait mardi le New York Times , un tel « amendement » au Protocole de Montréal ne nécessiterait pas d’être approuvé par le Congrès, à Washington, ou par les différents parlements des pays signataires. Le fait que le Protocole de Montréal n’ait jamais suscité les passions de celui de Kyoto pèse aussi dans la balance : ses réunions annuelles passent inaperçues, sont beaucoup plus scientifiques que politiques et, toujours selon le Times, les contentieux financiers « sont généralement résolus rapidement et perçus comme équitables... Les cibles de réduction des polluants sont universellement acceptées et faciles à mesurer ». [ Ajout, 12 novembre: la liste des pays favorables à l'idée atteindrait à présent les 91, selon un des participants à la rencontre de Bangkok ]

On rappelle par ailleurs que le traité sur la couche d’ozone a été signé par à peu près tous les pays du monde, et qu’aux États-Unis, il a fait l’unanimité au Sénat en 1988, alors que ce même sénat a voté contre Kyoto une décennie plus tard.

Mais ça ne se fera pas cette année. Les plus gros des pays en voie de développement — Chine, Inde, Brésil — réclameront d'abord des compensations pour éliminer ce réfrigérant pendant la période de transition.

Je donne