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« Vous avez trois nouveaux messages! » Cette annonce, récitée par l’ordinateur, ne fera jamais de la grande littérature. Mais y insuffler un peu de poésie pourrait plaire davantage à son utilisateur, pense un linguiste québécois.

« Nous n’avons pas appris aux ordinateurs à parler comme nous, avec emphase et modulation de la voix, comme on le retrouve aussi en poésie », explique Michael Wagner, professeur de linguistique expérimentale de l’Université McGill.

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Pourtant, les résultats de sa dernière étude, publiés dans la revue Cognition, démontrent que les participants — 24 Québécois, 24 Français, 25 Canadiens – s’avéraient très sensibles à la mélodie. « Les rimes identiques apportent de la satisfaction chez les locuteurs français, mais peu chez les anglophones ».

Dans son laboratoire, le linguiste cherche à identifier les propriétés acoustiques du langage parlé. Il réalise des expériences sur la prosodie — l’intonation, le rythme et l’accentuation des mots — abondamment utilisée en poésie.

La prosodie permet de structurer l’information et de faire ressortir les éléments importants de la phrase. Elle diffère selon la langue parlée. En français, par exemple, on parlera d’un fermier canadien et en anglais, d’un canadian farmer. « L’emphase n’est pas mise sur le même mot ou groupe de mots, ce qui complique un peu les choses », convient le chercheur.

Mais ce n’est pas la seule différence, car dans la langue de Molière, les poètes usent beaucoup, par exemple, de rimes identiques – mère/amer, etc. Tandis que dans celle de Shakespeare, les poètes privilégient les rimes riches – right/write, etc.

Ces variations sont aussi assimilées très jeunes avec les berceuses et les comptines : les enfants de langue anglaise apprivoisent tôt les rimes riches — Fuzzy Wuzzy the hairless bear, Fuzzy Wuzzy was fully bare — et les petits francophones les rimes identiques.

Ce qui pourrait expliquer que les francophones seraient plus susceptibles de trouver que leurs ordinateurs parlent mal. Le chercheur espère trouver bientôt un modèle de prosodie confortable pour tous les locuteurs et assimilable pour les ordinateurs.

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