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Une récente étude sur la consommation responsable, menée par des chercheurs de la faculté d’administration de l’Université Sherbrooke, montre que les Québécois s’avèrent sensibles à l’environnement, même s’ils consomment encore peu de manière équitable — mis à part pour le café.

À la veille de la fête de Noël, l’Agence Science-Presse a interrogé Fabien Durif, cofondateur et directeur de l’Observatoire de la consommation responsable.

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Agence Science-Presse (ASP) — Les Québécois consommeront-ils à Noël?

Fabien Durif (FD) — Ne pas consommer à Noël, c’est impossible! Toutefois, nous avons relevé en 2010 une tendance de déconsommation au Québec, tout comme en France. Est-ce un effet de la récente crise, nous ne le savons pas, mais il y a là quelque chose qu’il faudra étudier. Quant à savoir, si les Québécois consommeront moins à Noël, il faudra attendre les chiffres réels pour le savoir…

ASP — Qu’est-ce que la consommation responsable?

FD — La consommation responsable prend en compte des critères sociaux et environnementaux. Elle se manifeste à deux niveaux : par le choix d’un produit ou d’un service vert et équitable et par la volonté de réduire sa consommation ou de refuser de consommer un produit qui ne présente pas ces critères. On recense huit comportements responsables (recyclage, consommation locale, protection de l’environnement, etc.) qui permettent d’y accéder. Personne ne peut prétendre remplir tous ces critères, l’idée est de faire des efforts pour y parvenir. Notre consommation a un impact économique, social et environnemental. Nos gestes de consommation ont aussi un poids indéniable. Ainsi, les consommateurs allemands qui ont boycotté les magasins Wal-Mart ont obligé la compagnie à partir.

ASP — Que montre votre enquête sur la consommation responsable?

FD — Nous voulions produire une image de l’état de la consommation responsable au Québec et créer un indice, le Baromètre de la consommation responsable, pour la mesurer. Ainsi, pour l’année 2010 – notre année zéro – cet indice est de 64 %, c’est-à-dire que les Québécois soutiennent adopter 64 % de comportement de consommation responsable (66,2 % pour les femmes contre 6,5 % pour les hommes). Cette étude nous a permis aussi de nous rendre de compte que la consommation responsable progresse auprès de la moitié des gens, 45,5 % des Québécois affirmant avoir consommé plus vert cette année.

ASP — Les Québécois sont-ils des consommateurs responsables?

FD — Ils le sont de plus en plus, mais le prix reste le principal facteur qui freine ce type de consommation. Les Québécois sont d’abord les rois du recyclage — plus de 80 % disent recycler régulièrement. C’est ce qui pousse notre indice vers le haut. Ils sont aussi sensibles à la consommation locale et à l’environnement. Pour 74,5 % des Québécois, consommer responsable, c’est consommer des produits et des services bons pour l’environnement. Ils sont particulièrement sensibles à la protection de l’eau. Les produits verts sont les plus nombreux dans le Top 10 des produits responsables les plus achetés. Ce portrait nous montre aussi l’importance de la reconnaissance qui se cache derrière les chiffres : pour 40,3 % d’entre eux, consommer responsable permet d’avoir une bonne image d’eux-mêmes. Face à leurs achats, les Québécois n’ont pas le même scepticisme envers eux-mêmes que les Français. Ils sont persuadés que consommer responsable a un impact, c’est d’ailleurs la motivation majeure. Les Québécois sont conscients de pouvoir changer les choses à travers leur consommation, qu’acheter, c’est voter!

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