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Un test génétique prénatal pour déterminer le père : voilà une étiquette qui devrait inspirer confiance. Mais scientifiquement, de tels tests sont encore pleins de trous, ce qui n’empêche pas beaucoup de gens de se faire avoir.

À en croire une enquête du New Scientist, qui a ciblé un laboratoire privé de Toronto appelée Health Genetic Center, beaucoup de clients auraient reçu des résultats erronés. Le cas le plus dramatique est celui de cette femme prête à se faire avorter, après qu’un tel test lui eut appris que le père de son futur enfant n’était pas celui qu’elle croyait. Il a fallu un second test, mené par une autre compagnie, pour révéler que le premier s’était fourvoyé.

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En expédiant à cette firme torontoise des échantillons de sang de présumées mères et de salives de présumés pères, le magazine britannique a obtenu d’autres erreurs inquiétantes: résultats contradictoires quant à l’identité du père, ou bien incompatibles avec l’histoire génétique de l’humanité —rien de moins— et dans un cas, le profil génétique d’un foetus... alors que la femme n’était pas enceinte!

Le prix minimal pour un tel test de paternité est de 960$. Et si ce laboratoire de Toronto a été ciblé, c’est parce que son directeur Yuri Melekhovets n’en est pas à ses premières armes : il a offert les premiers tests sanguins de paternité en 2000. En 2002, certains clients partis chercher un second test se plaignaient de résultats contradictoires. En 2003, un tribunal de l’Arizona ordonnait à une des compagnies du même Melekhovets, Genetest, de payer des dédommagements à un couple qui s'était estimé floué.

Confiance prématurée

Une réglementation est requise, et c’est urgent, s’indigne le New Scientist en éditorial. L'auteur fait référence à la vitesse à laquelle des compagnies privées sautent dans le train de la génétique... sans nécessairement dire à leurs clients que les promesses sont en avance sur les connaissances.

Mettre à jour les lois nécessaires « ne devrait pas être difficile. Dans la plupart des pays, les laboratoires qui fournissent des preuves légales de paternité doivent obtenir une accréditation. »

Le problème vient des bonds de géants accomplis par la génétique en moins de 10 ans, associés aux annonces du gène de ceci et de cela qui déferlent semaine après semaine dans les médias. Du coup, il se crée dans le public l’impression que cette science est en passe d’avoir complété le tour de son jardin, et des entrepreneurs en profitent : la vente de tests génétiques est une industrie en pleine croissance, que ce soit pour déterminer la paternité ou pour se chercher des maladies génétiques —dans ce dernier cas, d’autres compagnies ont été prises en flagrant délit de diagnostics douteux, comme nous l’écrivions en septembre dernier.

Dans le cas des tests prénataux de paternité, s’ajoute un problème techniquement plus complexe. La génétique est, depuis peu, capable de détecter des gènes du foetus à partir d’un échantillon de sang de la mère; elle peut ainsi déterminer le sexe du futur bébé, et, probablement, détecter des anomalies génétiques telles que la trisomie —ce qui éviterait d’avoir à passer par une amniocentèse. Mais c’est une tout autre chose que d’affirmer qu’on puisse faire avec cela un test de paternité fiable.

Confronté par le New Scientist, un représentant du laboratoire torontois a refusé d’admettre quelque erreur que ce soit. L'affaire, publiée en décembre, n'a pas créé de vagues depuis.

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