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Des chercheurs de la Faculté de médecine de l’Université Laval sont parvenus à améliorer la qualité des cornées humaines construites en laboratoire, en évitant l’ajout de matériaux synthétiques. La greffe est toutefois loin encore.

Diverses raisons obligent à subir une greffe de la cornée : celle-ci peut être endommagée à la suite d’une blessure ou d’une maladie. À l’heure actuelle, « nous sommes capables de faire des greffes à partir de cornées de donneurs décédés, mais nous manquons de cornées », explique Lucie Germain, coordonnatrice scientifique au Laboratoire d’organogénèse expérimentale, et responsable de l’étude, parue dans la revue Molecular Vision.

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En effet, Héma-Québec, responsable du prélèvement des globes oculaires dans la région de Montréal, a répertorié 764 donneurs pour l’année 2009-2010. Grâce à eux, 982 globes oculaires ont été envoyés à la Banque d’yeux du Québec dont on n’a toutefois tiré que 151 cornées, nombre insuffisant pour les besoins en greffe. Pour remédier à cette situation, Héma-Québec a dû importer 255 cornées des États-Unis.

Or, dans leur étude, les chercheurs ont démontré qu’il est possible de fabriquer plusieurs cornées selon une méthode dite d’auto assemblage, à partir de cellules de cornées humaines qui étaient jusqu’ici inutilisables dans les transplantations.

Cette technique produirait également des cornées de meilleure qualité que la technique actuelle de construction de cornées à partir de biomatériaux.

Comment ça marche?

Les chercheurs ont d’abord séparé les trois couches de tissus qui composent la cornée —l’épithélium, le stroma et l’endothélium— afin d’en isoler les cellules et les cultiver. Le stroma, la couche du centre, sert de charpente à la cornée, alors que l’épithélium et l’endothélium se retrouvent de part et d’autre, respectivement à l’extérieur et à l’intérieur de l’œil.

Les cellules du stroma ont ensuite été placées dans un environnement favorable à leur croissance et à leur multiplication afin qu’elles reforment, par auto assemblage, la charpente de la cornée. Les cellules épithéliales et endothéliales ont été placées de chaque côté du stroma nouvellement formé, et elles se sont multipliées directement sur le stroma, comme on l’espérait.

Ce processus reproduit en laboratoire est plus près de ce qui est observé lors du développement de l’œil chez l’humain. « C’est ce que nous avons tenté de reproduire », ajoute Lucie Germain.

Les cornées obtenues grâce au génie tissulaire pourraient éventuellement être utilisées en laboratoire pour l’étude des maladies de la cornée et la recherche de traitement. Mais il reste du chemin à faire avant d’utiliser ces cornées pour d’éventuelles greffes.

« Le but de cette étude était de prouver que nous étions capables de le faire in vitro. Il faut maintenant voir comment ces cornées se comporteront lors de greffes », explique Lucie Germain.

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