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Maïa aime se dessiner, comme toutes les petites filles. À la différence qu’elle n’aime pas son corps : « j’ai des gros bras, des grosses jambes, un gros corps... Pourquoi je ne suis pas mince comme mes amies? », me questionne ma propre fille.

Je m’attendais à entamer avec elle une conversation sur l’image corporelle et les dictats des médias lorsqu’elle serait adolescente... Pas à 6 ans ! « Dès l’âge de 4-6 ans, les enfants préfèrent déjà les personnes minces. Et le désir de leur ressembler commence dès 5 ans », annonce Annie Aimée, psychologue-clinicienne de l’Université du Québec en Outaouais.

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Moqueries, commentaires négatifs, publicité : la pression sociale valorise la minceur, et les enfants n’y sont pas insensibles. Avec comme résultat que beaucoup d’entre eux ont une préoccupation excessive à l’égard de leur poids : selon une étude publiée en 1999, près de la moitié (45%) des petits Québécois de 9 ans seraient en effet insatisfaits de leur silhouette. Et le tiers des filles de cet âge auraient même tenté de perdre du poids en jeûnant, sautant des repas ou en entamant un régime!

Car les jeunes enfants associent déjà le surplus de poids aux mauvaises habitudes alimentaires — « s’il est gros, c’est de sa faute ». À 6 ans, cette préoccupation s’intensifie jusqu’à atteindre son apogée à 12 ans.

« C’est surtout vrai chez les petites filles, et pire chez celles dont la maman a déjà ce type de préoccupations», affirme Fannie Dagenais, directrice d’Équilibre et autre conférencière de la récente journée-conférence sur L’image de soi : inspirons positivement filles et garçons.

Du côté des petites filles

Miroirs de leur maman, les filles sont plus insatisfaites de leur apparence que les garçons — chez qui cette préoccupation apparaît seulement vers 11 ans. Elles parlent plus souvent de poids et de régimes et sont plus affectées par les images véhiculées par les médias.

« Les filles ont une perception fractionnée de leur corps. Lorsqu’on regarde chaque morceau, il y a plus de chances être insatisfaite que lorsqu’on regarde le tout », relève la psychologue Annie Aimée.

Ses recherches portent sur l’évolution du poids chez les 8 à 12 ans, et les liens avec l’environnement et les habitudes de vie. Une image corporelle négative chez l’enfant résulte de facteurs biologiques — âge, sexe et indice de masse corporelle (IMC) — mais aussi d’influences psychologiques et socioculturelles : une faible estime de soi, une tendance à se comparer et à internaliser le modèle de minceur, les commentaires des parents ou des pairs et les médias... Tous ces ingrédients pousseront le jeune enfant vers ses premiers troubles alimentaires.

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