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Comme si le gaz de schiste ne suscitait déjà pas assez d’inquiétudes, un reportage américain a trouvé le moyen d’en ajouter une couche : l’eau contaminée serait radioactive. Mais est-on sûr d’avoir posé les bonnes questions?

Dans la foulée d’une série d’articles du New York Times parue la semaine dernière, les médias qui en ont fait un résumé, y compris en français, ont en effet mis l’accent sur ce qui frappait indéniablement l’imagination : la présence de radioactivité dans l’eau qui remonte à la surface, après que les compagnies eurent fracturé la roche souterraine contenant le gaz de schiste. Et cette eau, il faut ensuite s'en débarrasser.

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Les chiffres peuvent toutefois être trompeurs. Ainsi, l’article du Times parle de 980 millions de litres d’eau usée (et contenant cette radioactivité), en Pennsylvanie, qui ont été rejetés dans les rivières, sur une période d’un an et demi. Une quantité impressionnante, puisqu’il faudrait 28 800 camions-citernes pour transporter toute cette eau. Mais comme l’écrit le coordonnateur du Knight Science Journalism Tracker, Charles Petit, personne ne boit l’eau de ces camions-citernes. Une fois rejetée dans les rivières, ça représente quoi, en terme de dilution?

Vérification faite, l’État de Pennsylvanie puise dans ses rivières 9 milliards de litres d’eau potable... chaque jour. Au bout d’un an et demi, ça veut donc dire 5000 fois plus d’eau que ce qui y a été rejeté, et ça, c’est juste ce qui est puisé dans les rivières : ce n’est pas la totalité de l’eau qui est passée dans les rivières pendant un an et demi.

En s’appuyant sur le débit d’une seule rivière, la Clarion (un chiffre qu’on peut trouver chez le Service américain d’information des eaux), Charles Petit en arrive à la conclusion que l’eau contaminée aurait été diluée 250 000 fois. Ce qui amène la radioactivité à un niveau 100 fois moindre que la norme américaine.

L’exercice, dit-il, n’a pas pour but de valoriser l’extraction du gaz de schiste : juste de souligner que, face à des chiffres qui semblent à première vue impressionnants, il faut comparer ce qui est comparable.

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