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On a tellement pris l’habitude d’associer l’écologie à la gauche qu’il faudra tôt ou tard réécrire quelques chapitres des manuels environnementaux.

À New York, deux groupes d’un quartier chic ont déposé une poursuite contre l’Hôtel de Ville, afin qu’il retire une piste cyclable qui a remplacé une voie pour les automobiles. Au Massachusetts, une féroce opposition à la construction d’éoliennes en mer (Cape Wind) rassemble entre autres des Kennedy. À Berkeley, ville universitaire de la Californie, et symbole par excellence de la gauche depuis 50 ans, résidents et commerçants ont forcé la Ville à reculer sur son projet d’un autobus rapide et écologique —mais qui prenait la place d’une voie pour les voitures.

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Le syndrome « pas dans ma cour » n’a rien de nouveau. Mais à travers les États-Unis, il semble que les politiciens à tendance écolo commencent à étaler leur frustration devant le nombre imprévisible d’électeurs qui s’affichent environnementalistes, proclament leurs inquiétudes face au climat mais s’avèrent incapables de changer leur mode de vie.

Serait-ce différent en Europe? C’est en tout cas ce que veut croire l’auteur de l’article « Not in my (liberal) backyard » paru dans le New York Times :

En Europe, des pistes cyclables traversent les cités d’une extrémité à l’autre, des éoliennes apparaissent dans des comtés peuplés de riches maisons de campagne et des usines qui produisent de l’énergie à partir de déchets poussent même dans des quartiers huppés. Alors qu’est-ce qui se passe ici?

Robert B. Cialdini, qui étudie les « comportements environnementaux » à l’Université d’État de l’Arizona, croit que la différence réside dans deux comportements sociaux pourtant très ordinaires :

  • nous avons tendance à nous ajuster aux « normes » d’une communauté; dans bien des pays d'Europe, éoliennes et voies cyclables sont souvent devenues la norme; le pas est loin d'avoir été franchi en Amérique du Nord, y compris au Québec;
  • notre volonté de défendre l’environnement repose sur des éléments abstraits; mais une éolienne dans notre champ de vision, c’est du concret, et nous réagissons plus passionnément à ce qui nous touche concrètement.

Deux exemples de l’impact d’une norme sociale : dans une expérience menée par Cialdini, les clients d’un hôtel à qui on a dit que les autres clients réutilisaient leurs serviettes (plutôt que d’en demander de nouvelles chaque soir) se sont mis à les réutiliser eux aussi. Et des résidents d’un quartier se sont mis à économiser l’énergie... le jour où on leur a dit que tous leurs voisins économisaient l’énergie!

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