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Supposez que notre civilisation s’évapore, et que nous ayons une incroyable seconde chance. Recommencer, avec ce que nous savons de nos erreurs. Que ferions-nous différemment, avec civilisation 2.0?

Ce n’est pas un jeu électronique, encore que l’auteur de cet article, Rebâtir la civilisation à partir de zéro (accès réservé aux abonnés) a dû bien s’amuser.

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La ville

Sans surprise, c’est la ville qui constitue la première cible. La majorité de la population humaine y vit aujourd’hui, et une civilisation de services, basée sur le savoir plutôt que l’agriculture, serait impensable sans des concentrations de gens aux mêmes endroits. Mais nos villes ne sont pas des modèles d’efficacité, c’est le moins qu’on puisse dire. À commencer par cette plaie qu’est l’étalement urbain :

La plus grande faille de plusieurs villes est sans doute leurs banlieues —cet étalement dévoreur de terres qui crée des communautés éloignées des quartiers commerciaux et oblige les gens à utiliser leurs voitures. « L’étalement urbain a été une énorme erreur », explique [ Christopher Flavin, du Worldwatch Institute ] et il représente une grosse raison pour laquelle les Américains utilisent tellement plus d’énergie que les Européens.

Le design idéal? Une série de quartiers organisés en cercles (comme sur l’illustration) de manière à ce qu’aucune résidence ne soit jamais à plus de 3 km des commerces et autres services, situés au centre (et le centre peut être interdit aux voitures). Chaque quartier est relié aux autres par des transports en commun Mark Delucchi, de l’Université de Californie, imagine des quartiers de 50 à 100 000 habitants où il est du coup plus facile de développer des initiatives locales.

L’énergie

Une fois la ville idéale construite, le gros problème reste l’énergie, poursuit l’auteur de l’article, Bob Holmes, qui est aussi un consultant basé à Edmonton.

Dire que la solution réside dans les énergies renouvelables relève de l’évidence. Mais adapter cette solution à des grandes villes l’est moins. Avec des panneaux solaires ou des éoliennes, la voie privilégiée par des experts comme Lena Hansen et Joseph Tainter semble être celle d’une série de petits systèmes de production d’électricité décentralisés plutôt qu’une seule grande centrale électrique pour toute la ville, mais la question des coûts reste un problème non résolu.

L’économie

Ce qui nous amène à l’économie de cette civilisation 2.0. Il y a longtemps que des experts —surtout à gauche— proposent d’abolir le PNB (produit national brut) comme unique mesure du succès d’un pays, au profit d’un indice tel que le BNB (bonheur national brut).

Lorsque les nations ont commencé à se concentrer sur le PNB après la Deuxième guerre mondiale, ça avait du sens que de baser une économie sur la production de biens et services. « À cette époque, ce dont la plupart des gens avaient besoin, c’étaient des biens. Davantage de nourriture, de meilleurs édifices —des choses qui manquaient— afin de les rendre heureux, explique Ida Kubiszewski, de l’Institut des solutions renouvelables à l’Université d’État de Portland, Oregon. « À présent, les choses ont changé. Ce n’est plus le facteur limitant notre accès au bonheur. »

Nous voulons plutôt élargir cet indicateur pour inclure la qualité de l’environnement, le temps pour les loisirs... Une tendance que peu de gouvernements prennent en considération.

Le gouvernement

La démocratie, cela va sans dire. Mais quelle démocratie? C’est la partie la plus floue de l’article du New Scientist , sans doute parce que les opinions varient considérablement, de l’anthropologue qui observe des micro-communautés (moins de 150 personnes) au politologue qui compare la performance des plus grosses. Par contre, les théories de l’un et de l’autre doivent être confrontées à la réalité du 21e siècle : il est plus facile d’échanger de l’information qu’à l’époque des tribus... et les problèmes auxquels nous faisons face débordent largement les frontières.

Tout comme les événements de l’époque ont conduit les cités médiévales à s’amalgamer en nations, les problèmes mondiaux exigent des solutions mondiales [résume Paul Raskin, du groupe de réflexion Tellus Institute, de Boston]. Et cela nécessite une forme de gouvernance mondiale, au moins pour fixer des objectifs larges —des normes pour la biodiversité, par exemple, ou des plafonds mondiaux d’émissions de gaz à effet de serre— à partir desquels les gouvernements locaux peuvent imaginer leurs propres solutions.

Le mot de la fin? Aucune civilisation, si efficace soit-elle, ne peut durer éternellement. Toute société se heurte tôt ou tard à des problèmes qui révèlent sa vulnérabilité et sa capacité à s’adapter. On en est là.

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