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C’est l’étude que les opposants à l’enlèvement des sommets de montagne espéraient. Ou plutôt, les études: cette stratégie de l’industrie du charbon n’aurait pas seulement des conséquences sur l’environnement, mais aussi des conséquences sur la santé.

Selon une étude parue à la fin juillet, les gens qui vivent à proximité de ce type particulier de mines de charbon auraient un taux de cancer plus élevé. Et selon une étude parue à la fin-juin, il y aurait des taux anormalement élevés de malformations à la naissance dans les régions des Appalaches qui ont été soumises à cette stratégie minière. On parle ici, en anglais, de «mountain top removal» —ce qui veut dire, littéralement, faire sauter le sommet de la montagne pour aller chercher le charbon caché en-dessous.

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Les deux recherches ont en commun d’avoir été dirigées par le même chercheur de l’Université de West Virginia, Michael Hendryx, professeur au département de médecine communautaire qui, depuis son arrivée en Virginie il y a cinq ans, s’est essentiellement consacré à l’impact des mines de charbon sur la santé.

Le communiqué qui accompagnait la première étude, parue dans Environmental Research à la fin-juin, prenait bien soin de souligner qu’il s’agit de la première fois qu’on établit une telle corrélation avec un problème de santé. Et la corrélation en question est de celles qui, pour plusieurs parents et futurs parents, est plus inquiétante encore que le cancer. Selon les chercheurs, pour la période 1996-2003:

Nous avons découvert que les malformations à la naissance étaient, de façon significative, plus élevées dans les régions des mines à enlèvement de sommets, par rapport aux régions non-minières, et ce pour six des sept types de malformations.

Par «significative», on parle d’une prévalence plus élevée de 13% au début de la période (1996-1999) et de 42% à la fin de la période (2000-2003).

Pourrait-il y avoir d’autres causes à ce taux plus élevé de malformations, tout comme au taux plus élevé de cancers relevé dans la seconde étude, parue dans le Journal of Community Health? Toute la question est là. Peut-être y avait-il des problèmes de santé déjà présents dans les populations installées à proximité des futures mines de charbon —qui sont des régions traditionnellement plus pauvres que la Virginie plus urbaine.

Pour l’étude sur le cancer, Michael Hendryx a envoyé ses étudiants faire du porte-à-porte dans la vallée de la Coal River (la rivière du charbon) à la recherche de résidents chez qui un cancer a été diagnostiqué, afin de comparer avec un exercice similaire mené auparavant dans une autre région, sans activité minière. Résultat: deux fois plus de cancers (769 adultes dans la vallée Coal River).

Là encore, on peut leur reprocher la méthode du porte-à-porte, qui peut introduire des biais (les gens au chômage, donc plus pauvres, sont plus nombreux à répondre, les femmes plus nombreuses que les hommes, etc.). Et ça ne reste qu’une seule région «avec mines» contre une seule région «sans mines», alors que l’étude sur les malformations ratisse plus large.

Mais solides ou pas, critiquées ou pas, ces études mettent un peu plus sur la sellette l’industrie du charbon, qui s’est fait bloquer par les autorités pour la première fois, l’an dernier, un projet d’enlèvement de sommet de montagne, en raison des risques possibles pour l’environnement. 500 sommets ont été enlevés au cours des 15 dernières années.

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