501px-biface_de_st_acheul_mhnt.jpg
1 million 760 000 ans. C’est le temps écoulé depuis qu’un certain Homo erectus a taillé des pierres avec davantage de soins que ses prédécesseurs, afin d’obtenir des outils plus pointus qu’avant, et taillés des deux côtés. La première révolution technologique.

C’est une étude géologique qui s’est penchée sur son cas, parce que jusqu’ici, mettre une date précise sur ce nouveau type d’outils s’était avéré difficile. L’équipe franco-américaine qui rapporte cette nouvelle datation dans la dernière édition de la revue Nature, parle de paléomagnétisme, c’est-à-dire une lecture de l’empreinte laissée par le champ magnétique de notre planète dans la pierre.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Et puisqu’il s’agit d’une «révolution» technologique, on aura compris que ce ne sont pas les outils les plus vieux associés à l’Homo Erectus. L’importance de cette découverte vient du fait que ce sont les plus vieux de l’époque appelée acheuléenne. Cette dernière se caractérise par des pierres taillées plus soigneusement, sur les deux faces: des bifaces. Jusqu’ici, les plus anciens outils acheuléens avaient entre 1,4 et 1,6 million d’années: on vient donc de les faire reculer dans le temps.

Or, en les faisant remonter, on se trouve à chevaucher la culture précédente, appelée oldowayenne, caractérisée par des outils plus rudimentaires. Comme des outils de cette autre culture ont été retrouvés au même endroit, dès les années 1990 par des chercheurs français, près du lac Turkana, au Kenya, les chercheurs présument qu’il s’agit d’une région où les deux technologies se sont côtoyées. Peut-être pendant une très longue période. La guerre du Mac et du PC, version préhistorique, en quelque sorte.

Il manque toutefois un élément important au casse-tête: la technique acheuléenne ne semble apparaître en Europe que plusieurs centaines de milliers d’années plus tard, bien longtemps après que des hominidés y aient migré. Cela signifie-t-il qu’ils ont commencé à voyager hors d’Afrique alors qu’ils ne maîtrisaient que l’ancienne technique, et qu’il aurait fallu tout ce temps avant que la nouvelle ne les rattrape? Ce sont les questions que posent dans leur texte, mais sans y répondre, les chercheurs de l’Université Columbia à New York, et du CNRS, en France, sous la direction de Christopher J. Lepre.

Mais c’est plausible. La dispersion d’une technologie, avant l’époque moderne, dépendait avant tout de la capacité des parents à l’enseigner à leurs enfants, et personne ne peut dire ce qui pouvait bien se brasser dans les cerveaux de parents et enfants d’il y a un million 760,000 ans. À l’avenir prometteur, mais sur le fil du rasoir de l’extinction.

Je donne