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Pourrait-on créer un dinosaure à partir d’un embryon de poulet? À l’ère des manipulations génétiques, ça ne semble plus si invraisemblable.

Une première étape? Le New Scientist relatait en août cette expérience: à l’Université Harvard, un biologiste de l’évolution, Arhat Abzhanov, a échangé quelques gènes de l’embryon d’un poulet avec quelques gènes de l’embryon d’un alligator. Résultat: chez l’embryon de poulet, un bec qui commençait plutôt à ressembler au museau d’un alligator.

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Soit dit en passant, les règles d’éthique dictent qu’aucun embryon manipulé de cette façon ne peut être mené à terme.

On est certes encore loin des dinosaures. Il faudrait tout d’abord connaître le code génétique de ces bestioles disparues depuis 65 millions d’années.

Mais il n’est pas nécessaire pour cela de trouver un ADN intact, comme dans le film Le Parc jurassique. On pourra peut-être un jour y arriver en enchaînant déduction après déduction.

Par exemple, les poulets et les alligators partagent un ancêtre commun, remontant aux dinosaures. En comparant leurs gènes, segment par segment, et ceux d’autres espèces, on pourrait en arriver —en théorie— à déduire à quoi ressemblait le bagage génétique de cet ancêtre commun. Abzhanov, pour sa part, a commencé dès 2004 à traquer les gènes expliquant les multiples variations des becs des pinsons des Iles Galapagos.

Ces difficultés n’ont pas empêché, en 2009, un paléontologue américain, Jack Horner, de pondre un livre complet sur le sujet: How to Build a Dinosaur. Il est régulièrement invité à donner des conférences sur le sujet —ou à parler aux médias lorsqu’une nouvelle spéculation à saveur « Frankenstein » resurgit. (il nous a aussi bien servi pour notre poisson d’avril 2009!)

C’est qu’il n’y a pas si longtemps, tout au plus 10 ans, l’apparition ou la disparition de traits anatomiques —comme un bec de poulet— relevait uniquement des chasseurs de fossiles. Lentement, péniblement, ils amassaient un bout d’os ici et là et, après des années de collectes patientes, en arrivaient à déduire ce qu’avait pu être l’étape intermédiaire entre A et B. Mais aujourd’hui, le décodage de centaines de génomes aidant, on comprend mieux qu’un nouveau trait, ce sont quelques gènes de plus ou de moins. Et du coup, la tâche devient peut-être réalisable en laboratoire. Plus besoin d’attendre des millions d’années.

Le bon côté de la chose, c’est qu’avant de voir un tyrannosaure s’échapper de son parc zoologique, on risque de voir ces connaissances génétiques adaptées afin de choisir des traits futurs : des espèces animales mieux adaptées à notre climat changeant, par exemple. L’industrie agro-alimentaire est déjà en première ligne, elle qui, au cours des dernières générations, a tellement sélectionné ses boeufs et ses poulets, que ses lignées sont devenues vulnérables à de petits changements dans leurs environnements. Ils auraient besoin d’un petit coup de pouce de l’évolution...

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