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C’est à s’y tromper: on croirait entendre un oiseau, alors qu’ils sont deux, un mâle et une femelle, occupés à synchroniser leurs chants.

C’est un phénomène rare, qui nécessite davantage que de la synchronisation: il faut de la mémoire, afin qu’aucun des deux ne fasse une fausse note. De la même façon qu’un chanteur dans une chorale doit garder en mémoire l’ensemble de la mélodie, plutôt que de se concentrer sur sa seule contribution.

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Et c’est ce qui se passe dans le cerveau de cet oiseau vivant dans les forêts de l’ouest de l’Amérique du Sud, appelé Thryothorus euophrys . Eric Fortune de l’Université Johns Hopkins et ses collègues, écrivent que le duo y est perçu comme un tout, ce qui permet à chacun des partenaires d’alterner «ses» syllabes avec une parfaite précision. Comme s’ils lisaient du papier à musique.

Ça va jusqu’au point où, ajoutent les chercheurs le 3 novembre dans Science, lorsque les deux oiseaux sont séparés, le mâle ou la femelle chante sa partie en laissant des blancs là où l’autre serait censé intervenir.

Détail: c’est la femelle qui prend les devants... et lorsqu’un des deux fait des erreurs, c’est presque toujours le mâle! Lorsque ça arrive, il semble que la femelle poursuive sa partie, jusqu’à ce que le mâle «embarque» à nouveau.

Il a fallu 15 mois à Fortune et à son équipe pour enregistrer 150 heures de chansons. Le résultat n’est pas nécessairement agréable à l’oreille: les deux oiseaux ont du coffre. Mais c’est leur capacité unique à chanter de concert qui intrigue. Un avantage possible? Ils sont tellement bien synchronisés qu’un prédateur peut croire qu’il s’agit d’un seul gros oiseau, et préfère du coup se diriger vers une proie plus facile...

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