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En attendant le printemps, avec le dévoilement de la nouvelle politique québécoise «Vieillir chez soi», les récentes nouvelles budgétaires semblent aller dans le bon sens: celle des aînés actifs et à domicile. Au Québec, la grande majorité des personnes âgées vieilliraient assez bien!

On vieillit comme on a vécu s’exclamait même l’une d’entre elles, lors du récent Bar des sciences, organisé par le Cœur des sciences de l’UQAM et le Centre de liaison sur l’intervention et la prévention psychosociale (CLIPP).

Protégeons-nous trop nos aînés ? Question délicate à laquelle bien des aînés répondront par l’affirmative. « Seulement 3 % des aînés vivent en résidence, pourquoi voulez-vous protéger les 97 % ? Il y a aussi un problème de vocabulaire: la “pension de vieillesse”, la “petite madame”… tout cela, c’est de l’âgisme!», s’indignait de son côté Pierre Blain, directeur général du Regroupement provincial des comités des usagers.

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Une bonne centaine de têtes grises et brunes étaient réunies à cet événement pour témoigner que l’on en fait souvent trop pour les plus autonomes... et pas assez pour ceux qui le sont moins!

« Répondre à la question, c’est déjà faire de l’âgisme, de la ségrégation et de la discrimination sur la base de l’âge. Si on encadre trop les aînés, on leur enlève des chances de se protéger et de se prendre en charge selon leurs réels besoins », a renchéri Louis Bherer, titulaire de la Chaire de recherche sur le vieillissement et le déclin cognitif et directeur associé à la recherche clinique de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal.

Les bienveillants et les autres

La tendance actuelle serait à l’augmentation de la défense des aînés, en votant même une loi pour s’en assurer. Car ne rêvons-nous pas d’une société bienveillante, particulièrement envers ceux moins susceptibles de se défendre ?

«Il faut protéger les bonnes personnes. Si on suspecte de la maltraitance, on ne fait pas d’âgisme en voulant intervenir. Cela représente toutefois une minorité de la population. Dans ce groupe d’âge, il y a de nombreuses pertes, ce qui crée des dépendances. Il importe de ne pas oublier», a soutenu pour sa part Valérie Bédirian, neuropsychologue aux services ambulatoires de psychogériatrie du CSSS du Cœur-de-l’Île.

Car la maltraitance existe. Et pour Pierre Blain, elle serait avant tout institutionnelle. «Elle résulte de la bureaucratie. Avec la réorganisation des services, les préposés n’ont pas plus de temps. Ce sont les aînés qui en souffrent.»

À la maison aussi, certains aînés vivent des situations d’abus. « Les études sur la maltraitance démontrent qu’il s’agit d’une question d’entourage malsain. Si la personne s’avère très vulnérable, mais que son environnement est correct, il n’y aura pas de maltraitance. Alors qu’on en constate auprès de personnes peu vulnérables dont l’entourage est malsain », explique Marie Beaulieu, titulaire de la Chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes aînées de l’Université de Sherbrooke.

Ce terrain délicat, dans lequel œuvrent les services sociaux, commande de former le jugement de ceux qui interviendront. «Une bonne formation en psychogériatrie et se donner temps d’évaluer la situation afin d’assurer le besoin de protection s’il y a lieu sont nécessaires. La clé est de réussir à créer une relation de confiance avec la victime, et même avec – parfois – celui qui maltraite», ajoute Valérie Bédirian.

Et d’informer les aînés sur les situations de maltraitance – comme Yvon Deschamps le fait. La première année, la Ligne Aide Abus Aînés a reçu 5000 appels, dont 40 % provenaient d’aînés.

Les préjugés freinent l’autonomie

Un tremblement des mains, un oubli... voilà le spectre de la maladie et de la dépendance qui paraît. « N’avez-vous jamais oublié vos clés, le nom sur un visage ou un numéro de téléphone ? Ce n’est pas forcément l’Alzheimer. Les stéréotypes ont la peau dure, il ne faut pas les encourager », rappelle Marie Beaulieu, titulaire de la Chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes aînées de l’Université de Sherbrooke.

Associer l’âge à la perte de mémoire entraînerait une surprotection des personnes âgées capables de se souvenir, mais empêcherait celles en besoin de consulter puisque... « c’est normal qu’elle oublie, elle est âgée! »

Et les préjugés seraient même assez courants au sein du système de santé. « On nous parle souvent que les personnes âgées ne suivent pas les ordonnances, mais la plupart des gens ne comprennent rien aux indications. Les médecins manquent de communication », soutient Pierre Blais. Il n’est pas rare qu’en présence de la famille, ils s’adressent directement aux enfants plutôt qu’au patient !

Car vieillir ne s’apparente pas à un chemin balisé où les pertes surviennent à un âge attendu. Il y a plutôt le vieillissement primaire et le vieillissement secondaire – l’étape où arrivent les facteurs de risque des maladies et des troubles cognitifs.

Les décourager de faire de l’exercice ou de se ménager affecte leur santé physique et mentale. « Faire du sport, c’est bon pour les hanches tout comme le cerveau. On oublie trop souvent que chez les 80-85 ans, 65 % ne présentent pas de problème », relève Louis Bherer.

Faire du sport, apprendre l’Internet, pratiquer l’humour et socialiser seraient de bonnes pratiques pour les aînés. Certaines villes sont même devenues des MADA – des municipalités qui aiment leurs aînés – en rendant bon nombre de services accessibles aux personnes âgées.

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