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Pour avoir songé à fabriquer des organes qui n’existent pas normalement dans la nature, il a reçu le titre de «Dr Frankenstein». Dans son laboratoire, Andrew Pelling s’amuse à sonder les limites de la biologie en piratant des cellules afin de leur donner une tout autre fonction. Il nomme cette technique «biohacking».

«Je sais que certains chercheurs utilisent ce terme pour parler plutôt de génétique libre, mais dans mon cas, il s’agit de reprogrammer la fonction d’un organe.»

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Le scientifique peut étudier la possibilité de fabriquer un cœur en forme de rein ou encore imaginer un organe pouvant servir à éliminer le mauvais cholestérol du corps. «Nous savons déjà que si nous exposons la cellule à un environnement artificiel très étrange, nous pouvons réellement changer sa fonction», explique-t-il.

Dans son laboratoire de l’Université d’Ottawa, le chercheur peut retirer les cellules d’un cœur pour n’en conserver qu’un assemblage de protéines. «Il serait possible d’y mettre de nouvelles cellules, de régénérer un cœur et de penser à le transplanter. Mais, ce qui m'intéresse vraiment, c'est de prendre le tissu musculaire, d’éliminer les cellules et d’y mettre des neurones, ou quelque chose qui ne se trouve pas normalement dans cet environnement.»

Le Pelling Lab attire des chercheurs curieux qui démontrent un grand intérêt pour la science en général. «Notre équipe est interdisciplinaire. Nous avons des ingénieurs, des biochimistes, des biologistes, des physiologistes, des physiciens, etc.», énumère-t-il. «Même si nous n’en sommes qu’au début, nos recherches nous ont permis d’établir des applications qui peuvent être utilisées par exemple dans le milieu médical.»

Alors que son équipe étudie la façon dont les cellules réagissent aux forces physiques qui s’opèrent dans le corps humain et l’impact de ces réactions sur les réseaux cellulaires, il serait même envisageable d’évaluer l’impact de ces réactions sur les réseaux… sociaux.

Un cœur piraté avec un compte Twitter? «Pourquoi pas!» dit-il en riant, «et c’est même relativement facile à faire», affirme-t-il. Il suffirait d’intégrer des électrodes dans le tissu, numériser l’information et ensuite la diffuser à partir d’un ordinateur.

Serait-ce donc un avant-goût du monde post-humain dans lequel nous vivrons d’ici plusieurs années? «En toute franchise, j’ose espérer que nous n’en avons aucune idée. La science est en constante évolution et c'est ce qui est amusant , conclut le chercheur.

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