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Le Québec a le vent en poupe avec la prolifération de ses parcs éoliens. D’ici 2015, la province compte en effet multiplier par six ses installations. Mais cet enthousiasme ne fait pas que des heureux...

Les éoliennes tuent de nombreux oiseaux, dont des espèces vulnérables. Les aigles royaux en font partie.

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«Les éoliennes et les oiseaux partagent les mêmes couloirs migratoires, à flanc de montagne et aux forts vents», explique Junior Tremblay, biologiste à la direction de la faune terrestre et de l'avifaune et de l'expertise sur la faune et ses habitats du Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec.

Elles pourraient être moins meurtrières si leur emplacement différait du corridor de migration des oiseaux. L’inconvénient, c’est que les aigles royaux préfèrent surfer sur de forts vents lors de leur migration, a découvert l’équipe de chercheurs dont fait partie le jeune biologiste. Moins élevés en altitude que les courants ascendants chauds, ces corridors sont aussi les emplacements privilégiés des bâtisseurs de parcs d’éoliennes.

Le Ministère des Ressources naturelles et de la Faune se livre actuellement à des études d’impact sur l’emplacement des parcs éoliens et un suivi du vol des rapaces.

Pour comprendre le déplacement migratoire des aigles royaux, ils utilisent un système de télémétrie à haute définition. «Nous utilisons la puissance du réseau cellulaire, et non les satellites. Cela nous permet d’avoir plusieurs données par heure et de retracer plus exactement leurs trajectoires», relève-t-il.

L’aigle royal vulnérable

Classés vulnérables, les aigles royaux (Aquila chrysaetos) adaptent leur vol aux changements climatiques. Face à l'augmentation de la vitesse des vents, ils font moins de vol plané sur les courants thermiques et préfèrent diminuer leur altitude.

Ces oiseaux de proie sont également plus distraits lorsqu’ils chassent. Ils ne voient pas les pales des éoliennes lorsqu’ils pointent vers leurs proies provoquant des collisions avec les engins.

Les rapaces, situés au sommet de la chaîne alimentaire, y laissent donc des plumes au grand dam des biologistes québécois qui tentent de rétablir la petite population de ce rapace, estimé à seulement 2000 individus pour l’est de l’Amérique du Nord.

Chaque aigle s’avère donc précieux, car il participe au plan de rétablissement de l’espèce entrepris au Québec. «C’est un gros oiseau, mais très discret. On ignore encore beaucoup de choses sur son comportement migratoire.»

Récemment, un groupe de travail sur l'aigle royal de l'Est a été lancé pour mieux connaître cet oiseau rare au vol si particulier mu par ses ailes longues et puissantes.

Il n’est toutefois pas le seul à périr sous les pales: le pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus)) et le faucon pèlerin (Falco peregrinus anatum)) connaissent aussi un taux de mortalité préoccupant sur le chemin de leur nidification.

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