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Pendant toutes ces années où s’accumulaient les découvertes de planètes autour d’étoiles aux noms exotiques, les amateurs de science-fiction, eux, trépignaient d’impatience: et Alpha du Centaure? Y a-t-il une planète autour de cette étoile, notre plus proche voisine? C’est maintenant chose faite.

 

Et pas n’importe quelle planète: celle dont une équipe européenne annonce la découverte ce mercredi dans Nature est d’une taille similaire à la Terre. Sur les quelque 800 planètes extrasolaires détectées depuis 15 ans, moins de cinq ont cette qualité.

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Certes, il y a un gros bémol: la planète tourne autour d’Alpha Centauri B en seulement trois jours et quart, ce qui signifie qu’elle en est si proche que les chances de trouver autre chose que de la roche calcinée approchent le zéro. La température à la surface avoisine probablement les 1200 degrés Celsius.

Mais c’est une découverte qui ouvre la porte à d’autres parce que pendant longtemps, nombreux furent les astronomes qui doutaient que des planètes puissent se former autour d’un système aussi complexe que celui du Centaure. Ce que nous appelons communément «l’étoile» Alpha du Centaure est en effet un système composé de trois étoiles —deux grandes, Alpha Centauri A et B, et une naine, Proxima Centauri.

Dans notre voisinage

Reste que dans toute cette histoire, c’est l’aspect «Alpha du Centaure» qui retient l’attention. Parce que c’est notre plus proche voisine, à «seulement» quatre années-lumière, les rêves d’un voyage interstellaire refont surface, rappellent les journalistes de Nature , du New Scientist , de Wired et d’autres.

Avant d’en arriver là toutefois, ce sont les astronomes qui rêvent, parce qu’ils voient augmenter leurs chances de découvrir des planètes similaires à la Terre autour d’étoiles proches, souligne l’auteur Lee Billings dans une envolée lyrique:

 

Au cours de ce siècle, une nouvelle astronomie se lève, une qui se concentre non sur les confins de l’espace et les débuts du temps mais sur les plus proches étoiles et les mondes inconnus qu’elles cachent probablement. Ce sera cette nouvelle astronomie, plutôt que la vieille, qui complètera finalement la quête pour placer notre existence sur Terre dans son contexte cosmique.

 

D’une part, cette recherche s’inscrit dans un continuum: l’article dans Nature, sous la direction de Xavier Dumusque, de l’Observatoire de Genève, est également co-signé par les Suisses Michael Mayor et Didier Queloz, qui furent derrière la toute première découverte d’une planète extrasolaire, en 1995.

D’autre part, même après 15 ans, le travail ne fait que commencer: cette planète autour d’Alpha Centauri B a nécessité plus de 450 mesures pendant trois ans à partir de l’observatoire européen ESO, installé au Chili. Au final, ces mesures ont permis de confirmer d’infimes variations de l’activité de l’étoile, causées par cette planète lors de chaque rotation —la même méthode employée pour des centaines d’autres planètes depuis 1995. Pour les intimes: il s’agit d’une variation de moins de 2 km/heure, ou 50 centimètres par seconde, «la plus haute précision jamais atteinte», selon le communiqué du CNRS.

Or, à présent qu’on en a détecté une autour de cette étoile, on pourrait en détecter d’autres, aux orbites plus raisonnables... en augmentant encore la précision jusqu’à l’ordre de la dizaine de centimètres par seconde. Ou en comptant sur le télescope spatial Kepler, spécialement dévolu à la recherche de planètes extrasolaires, lui qui grossit de mois en mois sa liste de «planètes candidates». Et il existe d’autres projets de télescopes plus puissants encore, propres à alimenter les rêves du prochain siècle.

 

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