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Difficile d’être contre un projet qui vise à mettre un ordinateur portable entre les mains de chaque enfant des pays les plus pauvres. Mais si ça ne fonctionnait pas?

Le populaire auteur Cormac Foster —et ex-consultant en technologies— a jeté un pavé dans la mare en affirmant que le projet One Laptop Per Child (OLPC), lancé en 2005 sous l’aile protectrice d’une vedette de la première heure du numérique, Nicholas Negroponte, serait un échec.

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C’est une noble cause défendue par nos plus brillants cerveaux —mais ça ne semble pas fonctionner.

Le projet né au sein du Laboratoire de recherche sur les médias du MIT, a toujours eu du mal à décoller. Dès ses premières années, cette vision généreuse consistant à mettre «un ordinateur à 100$», le XO, entre les mains de chaque enfant des pays du Tiers-Monde, se heurtait à plusieurs difficiles réalités: coûts de production plus élevés que prévu, créateurs de logiciels pour XO moins nombreux que prévu, gouvernements plus difficiles à convaincre que prévu, enseignants plus difficiles à former que prévu... En 2010, le Journal of International Affairs publiait ce jugement:

OLPC est le dernier d’une longue liste de projets de développement technologique utopiques qui ont tenté sans succès de résoudre des problèmes sociaux complexes par des solutions exagérément simplistes.

Le projet a évolué. Depuis que Rodrigo Arboleda —un Américain d’origine colombienne— a pris la relève de Negroponte, l’organisme OLPC est passé d’une entreprise 100% altruiste à quelque chose d’un peu plus commercial: le XO est désormais vendu à 200$, ce qui couvre davantage les frais généraux.

Et personne ne s’étonne qu’un magazine The Economist soit sceptique devant le «retour sur l’investissement». En avril dernier, on y lisait qu’au Pérou, où ont été livrés 980 000 XO dans 8300 écoles, pour une valeur de 225 millions$, aucun indicateur ne permet de savoir s’ils ont eu ou non un impact tangible sur la performance des élèves.

La critique est prévisible, rétorque Negroponte depuis 2005 en partant toujours du même constat: parmi les centaines de millions d’enfants qui n’ont qu’un accès limité à l’école, beaucoup se trouvent dans des zones isolées où aucun adulte ne sait lire et écrire. Un appareil qui peut les stimuler intellectuellement, sans aide extérieure, vaudrait donc de l’or. Le cas du Pérou, qui bénéficie d’un système d’enseignement déjà bien en place, serait différent: c’est avec l’école que se serait mal fait l’arrimage, les professeurs n’ayant pas été formés adéquatement sur l’intégration du XO à leur programme.

Reste que pour Cormac Foster, une des choses qui a fait le plus mal à OLPC est que le rêve initial —un petit ordinateur, léger, robuste, à bas prix, qui puisse servir à de multiples usages— a été dépassé sur sa gauche et sur sa droite: les ordinateurs portables sont devenus, depuis 2005, plus petits et plus maniables, et surtout plus puissants, au point où des compagnies informatiques se sont mises à en offrir aux écoles des pays du Sud. Parallèlement, les tablettes ont débarqué: plus petites, plus maniables que le XO et plus puissantes. Reste un élément sur lequel elles ne peuvent pas concurrencer le XO, le prix.

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