Le programmeur —et provocateur avoué— Tom Scott s’est amusé à détourner le sens premier du futur outil Facebook Graph Search , dévoilé le 15 janvier par son président, Mark Zuckerberg. Un outil (au début en anglais seulement) censé faciliter le réseautage social, en permettant aux abonnés de découvrir plus facilement des gens avec qui ils ont des affinités.

Sauf que de connecter deux, trois ou plusieurs recherches (ou croisement de données, tel que le pratiquent les utilisateurs de bases de données), permet aussi d’obtenir des combinaisons moins innocentes que «les émissions de télé qu’aiment mes amis vivant à Québec». Tom Scott —il fait partie de ceux qui ont été invités à tester Graph Search avant qu’il ne soit ouvert au public— a ainsi mis en ligne, le 23 janvier, des exemples de ses recherches: par exemple, les «mères de catholiques qui vivent en Italie et aiment Durex» —le condom. Ou, plus inquiétant, les hommes qui aiment les hommes et qui habitent Téhéran.

Comme il l’écrit, ce sont les utilisateurs eux-mêmes qui pourraient être plus prudents quant aux informations qu’ils laissent traîner sur Facebook.

Facebook a de bons paramètres de sécurité. Mais il y a beaucoup, beaucoup de gens qui ne savent pas comment les utiliser.

Et l’histoire des technologies lui fait douter que les gens se mettront en masse à apprendre.

Si je laisse ma voiture au garage pour une mise au point, un mécanicien malhonnête pourrait m’escroquer avec des réparations inutiles et je ne le saurais jamais. Cela ne veut pas dire que je suis stupide, juste que mes connaissances résident dans d’autres domaines.

Dans le scénario idéal, Facebook va resserrer considérablement les règles de sécurité avant l’ouverture officielle de son nouveau service —mais va du coup le rendre moins intéressant pour les acheteurs de publicités. Dans le scénario du pire, il pourrait s’agir d’un nouveau sommet en matière de violation de la vie privée sur Internet.