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Adam vient de prendre un coup de vieux. On a découvert chez un Américain un chromosome qui fait reculer de plus de 200 000 ans l’âge de notre ancêtre commun à tous.

Et ça provient d’un banal test génétique auquel s’était soumis, il y a quelques années, un membre de la famille de cet Américain. Comme quoi les tests génétiques qui se multiplient aux quatre vents ne contiennent pas juste de mauvaises nouvelles.

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Intrigués par un chromosome Y qu’ils n’arrivaient pas à placer sur la bonne branche de la famille humaine, les gens de la firme Family Tree DNA — spécialisée dans la vente de tests génétiques à des fins généalogiques — ont poussé des généticiens à creuser un peu plus.

La conclusion, parue la semaine dernière dans l’ American Journal of Human Genetics sous la direction de Fernando Mendez, de l’Université de l’Arizona: le chromosome Y d’Albert Perry, un Américain de descendance africaine vivant en Caroline du Nord, est si différent des autres chromosomes Y qu’il ne colle pas aux calculs couramment admis qui placent un ancêtre mâle commun à tous les êtres humains, quelque part entre 60 et 140 000 ans. Pour que ça colle, il faut faire reculer l’ancêtre mâle commun à 338 000 ans.

Ce qui confirme du coup que notre arbre est beaucoup moins linéaire qu’on ne veut bien l’imaginer : parce qu’il y a 338 000 ans, l’Homo sapiens tel qu’on le définit aujourd’hui n’existait pas encore (le plus vieux fossile connu n’a que 200 000 ans).

Il y a donc eu nécessairement, à cette lointaine époque ou — plus probablement — dans les derniers 200 000 ans, hybridation avec des Néandertaliens, ou peut-être avec ce mystérieux Dénisovien, en Asie, dont on sait encore peu de choses.

Il faudra mettre le doigt sur d’autres chromosomes Y aussi « étranges » pour confirmer la chose — et peut-être pointer une date plus précise — mais en attendant, Mendez et ses collègues expliquent avoir déjà examiné une base de données africaine de près de 6000 chromosomes Y. À défaut d’indications sur l’ancêtre d’il y a 338 000 ans, ils ont au moins pu reculer de quelques petits siècles, en découvrant des similarités entre Albert Perry et 11 habitants d’un même village du Cameroun, qui fut vraisemblablement le point de départ d’un esclave venu de force en Amérique.

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