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Après le mot génome, il y a eu le mot protéome et si vous êtes passionné du cerveau, vous avez peut-être entendu le mot connectome. Mais vous ignoriez sûrement qu’il y avait plusieurs centaines de mots en «ome» et en «omique» de plus.

Le variome? Le phénome? «Ome» semble être le suffixe de la décennie... en science. Avec son compagnon «mique», comme dans génome et génomique. Un groupe de scientifiques au sein d’un centre britannique d’études sur la génomique a même lancé un «générateur automatique de mots en -omique». Et le microbiologiste californien Jonathan Eisen s’amuse à décerner régulièrement un prix du suffixe en -omique le moins nécessaire du vocabulaire scientifique. Comme nutrimétabonomique —qui n’est pas un mot qu’Eisen vient d’inventer, mais un terme vraiment utilisé dans une vraie recherche.

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Ce n’est pas une création récente. Le suffixe grec -ome désigne, en gros, un ensemble ou un système. Mais c’est le décodage du génome humain, et son substantif, la génomique, qui a provoqué l’explosion: parce que si on explorait les gènes, on ne pouvait qu’explorer les protéines qui leur sont associées (protéomique) et si on pouvait décoder l’ensemble du génome, pourquoi pas les connexions de notre cerveau (connectome), et pourquoi pas les gènes des microbes qui font partie de nous (microbiome), et ainsi de suite.

Sauf que contrairement aux apparences, tous ces mots ne sont pas une inévitable conséquence de l’évolution de la langue. Il y a des raisons plus triviales, selon la linguiste Alexa McCray, citée par Nature :

Grâce à ce suffixe, vous envoyez comme message que vous faites partie d’une branche nouvelle et excitante de la science.

Comment dégager le terme créé à seules fins d’améliorer ses chances de décrocher une subvention du terme qui a un réelle raison d’être? Nature s’est donc livrée à l’exercice, en choissant quelques termes prometteurs —et faisant grincer les dents de ceux qui étaient écorchés au passage.

  • Phénome. La description (la carte?) des caractéristiques physiques d’une personne. À commencer par les anomalies (du visage, des membres, etc.) qui peuvent être associées à une maladie, ou à un problème psychologique. Des «projets phénomes» sont en cours pour la souris, le poisson-zèbre et la plante Arabidopsis thaliana, ce rat de laboratoire du monde végétal.
  • Interactome. Une des bases de la génétique, c’est que l’ARN est produit à partir de l’ADN et que l’ensemble produit des protéines... Mais en réalité, ces trois-là interagissent. L’interactome serait donc l’étude de ces interactions. Calcul rapide: seulement 20 000 protéines interagissant une à une génère 200 millions de possibilités.
  • Toxome. Ou l’ensemble des processus qui, au niveau cellulaire, sont toxiques. Ici, un projet toxome humain est en cours. Après, on s’attaquera peut-être aux animaux et aux plantes.
  • Intégrome. Ou la synthèse de tous les autres, ce qui promet bien du boulot.
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