cellule-souche-oregon.jpg
Autre temps, autres cellules. L’annonce, le 15 mai, du premier clonage réussi de cellules souches humaines, une annonce qui aurait, 10 ans plus tôt, été saluée comme une révolution, a été accueillie par une certaine indifférence.

Et comme si un mauvais sort planait au-dessus des cellules souches, des erreurs de manipulation des photos font à présent planer le même doute qui avait été à l’origine, en 2005, d’un des plus gros scandales de l’histoire récente des sciences.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

En janvier 2006, le chercheur principal d’une équipe proclamant avoir réussi les premiers clonages de cellules souches humaines, le Dr Hwang Woo Suk, quittait son poste de l’Université de Corée du Sud dans la disgrâce —fraudes, données fabriquées et accrocs à l’éthique. Les deux articles qui lui avaient valu une —brève— notoriété mondiale étaient retirés des archives de Science.

Mais ce n’est pas le seul boulet que traîne la nouvelle recherche, publiée le 15 mai dernier dans la revue Cell . Comme le rappellent les blogueurs du Boston Globe et de The Atlantic , cette annonce dont l’Université de l’Oregon attendait sans doute davantage de retombées médiatiques, souffre du fait qu’en 2007, d’autres chercheurs ont découvert une méthode plus simple pour obtenir des copies de nos cellules souches.

Plutôt que le clonage classique —prendre un ovule et remplacer son matériel génétique par celui du patient— la recherche récente s’est en effet réorientée vers la possibilité de reprogrammer une cellule adulte pour qu’elle régresse au stade de cellule souche. La percée a donné un nouveau souffle à ce champ de recherche, ce qui a valu à Shinya Yamanaka et John B. Gurdon, le Nobel de médecine l’an dernier.

Rappel: on nomme cellules souches des cellules qui ne se sont pas spécialisées et auxquelles il serait théoriquement possible d’ordonner de devenir des cellules spécialisées —foie, coeur, poumon, peau, etc. Lorsqu’on a commencé à en parler dans les années 1990, il ne pouvait s’agir que de cellules d’embryons, mais la biologie cellulaire a beaucoup changé depuis. Au point où, en 2013, une annonce de «clonage de cellules souches humaines» ne réussit même plus à faire les manchettes: que l’avenir passe par le clonage ou par la reprogrammation, il semble admis qu’une utilisation médicale de cellules souches appartient encore à un horizon lointain.

De plus, l’histoire ne s’arrête pas là, puisqu’une allégation gênante circule depuis le 22 mai: des photos des cellules en question auraient été «manipulées de manière inappropriée» ce qui, en l’occurrence, signifie que des cellules souches présentées sur les photos comme distinctes pourraient être la même cellule sous des lentilles différentes. La revue Cell a réagi le 23 mai:

Il semble qu’il y ait eu des erreurs mineures faites par les auteurs dans la préparation de leurs illustrations pour la version finale. Bien que les discussions se poursuivent avec les auteurs, nous ne croyons pas que ces erreurs aient un impact sur les découvertes scientifiques décrites dans l’article.

Le trop court délai entre l'approbation de l'article et sa publication est en cause, se défendent les auteurs.

Je donne