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Après un typhon, les fillettes sont beaucoup plus nombreuses à mourir que les garçons. Ce constat provient d’une analyse géographique des dégâts causés aux Philippines par une douzaine de typhons par année, survenus entre 1978 et 2008.

On y apprend qu’en moyenne, 15 fois plus de personnes sont tuées pendant l’année qui suit le typhon que pendant le typhon lui-même. Et qu’une grande partie de ces morts supplémentaires sont des bébés filles.

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L’analyse était parue en février dernier dans la revue Social Science Research , mais a été ressortie de l’ombre cette semaine par le New Scientist . Le typhon Haiyan, le 8 novembre, ayant été particulièrement meurtrier —plus de 5000 morts— la statistique-clef —15 fois plus de décès dans la prochaine année— ne s’appliquera pas nécessairement. Mais le sort des bébés, lui, pourrait bien être le même.

Serait-ce une discrimination qui favorise les bébés de sexe masculin, comme en Chine ou en Inde? Les Philippines n’ont pourtant pas cela dans leur culture, écrivent les économistes Jesse Keith Anttila-Hughes, de l’Université de San Francisco et Solomon Hsiang, de l’Université de Californie.

À la base, ont-ils calculé, un typhon provoque, dans la région la plus durement frappée, des pertes étalées sur trois ans: même lorsque la maison n’est pas détruite, l’électricité et l’eau potable peuvent mettre beaucoup de temps à revenir, sans parler des revenus effacés en même temps que les commerces ou les industries locales. Du coup, les familles achètent moins de nourriture. C’en est au point où les deux économistes établissent une corrélation entre la force des vents lorsque le typhon touche terre, et le taux de mortalité chez les enfants de moins d’un an. «Cela a affecté les bébés qui n’étaient même pas encore nés au moment de la tempête», résume Antilla-Hughes.

Mais pourquoi les filles sont-elles plus affectées que les garçons? Le problème pourrait en être un de perception : les Philippins imagineraient les bébés de sexe féminin plus résistants que les garçons. En temps de crise, les mères pourraient donc moins nourrir les filles ou cesser plus tôt de les allaiter afin d’aller travailler. Quelles qu’en soient les raisons, les effets ressortent des statistiques: aux Philippines, le risque qu'a une enfant de moins d’un an de mourir, double dans les deux années qui suivent un typhon... et le risque est multiplié par quatre si elle a des frères.

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