En vulgarisation scientifique, l’une des métaphores les plus brillantes des dernières décennies a été celle du «gène égoïste»: une métaphore qui, en 1976, a fait du gène un genre de camionneur dont la priorité «égoïste» est de transporter «son» information à la génération suivante. Il est temps d’abandonner cette métaphore, écrit le journaliste David Dobbs dans un essai éclairant.

Il donne l’exemple de deux espèces de sauterelles aux comportements si différents —l’une, solitaire, l’autre, sociale— que l’on pourrait croire à deux espèces distinctes. Elles ont pourtant exactement les mêmes gènes: ce qui change, c’est ce que les généticiens ont appris à appeler «l’expression» de certains gènes.

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Et c’est aussi ce qui nous distingue du chimpanzé, de la vache ou de la mouche à fruits, avec lesquels nous partageons pourtant 60%, 80% ou 99% de nos gènes. Le fait que certaines de nos cellules «lisent», «décodent», «expriment», tel gène plutôt que tel autre.

Du coup, cela place les avancées récentes de la génétique en contradiction avec la métaphore du gène égoïste : en vertu de cette métaphore, c’est le gène qui est au centre de tout, et non un mécanisme plus complexe (et encore mal connu).

Il s’agit là d’un débat courant chez les généticiens depuis 20 ans, mais qui n’a pas encore atteint le grand public, en partie, reproche Dobbs, parce que la perception populaire reste celle du gène-architecte. À l’heure où nous nous apprêtons tous à avoir nos génomes individuels décodés, il est temps de dépasser cette métaphore et d’élargir nos horizons.

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