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L’hypothèse Gaïa a marqué les esprits il y a 40 ans et continue de fasciner: cette idée selon laquelle la Terre serait l’équivalent d’un organisme vivant, capable de s’autoréguler. Mais l'hypothèse tient-elle encore le coup?

Avec le titre cruel «Gaïa: la mort d’une merveilleuse idée», le New Scientist chapeautait le mois dernier un dossier sur cette idée lancée par l'auteur James Lovelock en 1972 puis détaillée dans son livre Gaïa: A new look at life on Earth. Il y écrivait que le fait que la Terre soit demeurée habitable depuis 2 milliards d’années, en dépit de toutes les catastrophes, témoignait d'une forme de mécanisme autorégulateur. Un peu comme un être vivant que sa mécanique interne maintient à la bonne température.

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Ce n’était ni facile à prouver, ni facile à réfuter. L’océanographe Toby Tyrell, qui raconte avoir été fasciné à la lecture du livre dans sa jeunesse, est l’un de ceux qui se sont employés à chercher des arguments sur ce «thermostat» planétaire.

Or, les avancées des 40 dernières années, notamment en climatologie et en sciences de l'atmosphère, mettent à mal le concept de thermostat: sur le très long terme —des centaines de millions d’années— la Terre est passée à travers des glaciations dont au moins une l'a rendue pratiquement impropre à la vie. Tandis que la thèse-Gaïa veut que la vie «fabrique» un environnement qui lui soit favorable, pas qu'elle survive par la peau des dents.

Le cas de l'azote est tout aussi gênant pour la vision de Lovelock: des différentes formes de cet élément chimique, la majorité, explique Tyrell, sont néfastes à la vie. Du petit nombre qui est effectivement utilisé par des microbes, résulte ce que les chimistes appellent le cycle de l'azote, dont la conséquence, à l'envers du modèle Gaïa, est de créer moins de conditions favorables, plutôt que plus.

Autrement dit, poursuit Tyrell, notre planète est «moins stable que ce que Gaïa implique, et par conséquent plus fragile».

C’est un exemple cruel de ce qu’est la science, résume l’éditorial du New Scientist :

Certains déploreront la mort d’une idée aussi belle que réconfortante, mais il faudra se souvenir de Gaïa comme d’une hypothèse élégante qui a stimulé des recherches fondamentales sur ce qui est à présent (sans élégance) appelé le système terrestre.

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