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Le crime fait souvent les manchettes. Et au-delà des traces de sang, la science analyse les actes criminels avec un regard plus pénétrant.

«Il y a toutes sortes de discours sur le crime, idéologiques, politiques et même religieux mais peu souvent scientifiques. Les progrès de la science permettent pourtant d’en parler plus justement», relève Maurice Cusson, criminologue et un des auteurs du récent Traité des violences criminelles (Hurtubise, 2013).

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L’ouvrage s’ouvre avec les racines de la violence et de ses manifestations. Après les grands criminels et les adolescents, la criminologie développementale s’intéresse aujourd’hui à la prime enfance. «La colère de l’enfant ne fait pas de grands dommages sauf si l’agressivité se maintient par négligence parentale. On sait aujourd’hui que les premiers comportements sont de bons prédicteurs», soutient le criminologue.

Le traité se poursuit par un état des lieux planétaire de l’homicide. Les variations à travers le monde sont spectaculaires, passant de 0,5 homicide pour 100 000 habitants au Japon à 50 pour 100 000 habitants en Jamaïque. Cet indicateur du niveau de violence d’une société reste modeste au Canada (1,6) mais s’élève d’est en ouest: il y aurait plus d’homicides en Colombie-Britannique qu’au Québec ou dans les provinces maritimes. «Les nouvelles provinces de l’ouest ont plus de jeunes célibataires plus susceptibles de commettre des crimes», explique Maurice Cusson qui réalise actuellement, avec le criminologue Marc Ouimet, une Enquête mondiale sur l’homicide analysant les données de 175 pays.

L’équation de la pauvreté et de l’homicide représente cependant un défi scientifique. Ainsi, la criminalité est plus élevée dans les pays pauvres: on pourrait donc penser que plus une société s’enrichit, plus ce type de violence diminue? Pas du tout: le taux d’homicide augmente en période de croissance économique et diminue en période de décroissance. «C’est un phénomène fascinant et pas encore tout à fait compris», note le criminologue.

Que fait la police?

«La police est-elle efficace pour prévenir la violence?», s’interrogent en ce moment de nombreux criminologues. Par exemple, une récente étude de chercheurs québécois se penche sur les liens entre l’activité policière et l’homicide dans 77 pays. «Le taux de reportabilité des crimes à la police est ainsi un bon indice de confiance que la police inspire aux citoyens. Ce n’est pas la quantité de policiers mais leur qualité qui importe», relève Maurice Cusson.

De l’origine de la violence jusqu’aux victimes, en passant par la prévention et la répression, l’ouvrage déploie donc différents regards sur la réalité du crime dans le monde occidental. Il s’agit d’un bilan des connaissances actuelles d’un point de vue francophone. L’École de criminologie de l’Université de Montréal présente d’ailleurs le plus gros bassin de criminologues francophones. La France serait plutôt en retard dans cette discipline «en raison de sa méfiance pour cette discipline trop souvent associée là-bas à la police», affirme le criminologue.

La Francophonie connait également des problèmes réels de criminalité et d’insécurité liée à la corruption, particulièrement en Haïti, Maroc, Algérie, Côte-d’Ivoire ou Sénégal. «Ce sont des problèmes qui contribuent à leur sous-développement. C’est pour cela qu’il importe d’améliorer nos connaissances pour mieux les comprendre et améliorer la lutte dans les pays plus vulnérables au crime» relève Maurice Cusson. Pour que le crime ne paie plus!

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