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Lorsque j’étais petite, ma mère me demandait de lui raconter mes rêves durant le petit-déjeuner. Je faisais de nombreux cauchemars et je lui décrivais avec beaucoup de détails d’effrayantes poursuites et de multiples agressions entre deux gorgées de chocolat chaud.

Je n’étais sans doute pas la seule à le faire, car il s’agit d’évènements très communs, au regard d’une récente recherche en psychologie de l’Université de Montréal.

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«Mort, maladie et agressions physiques se rencontrent souvent dans les cauchemars. Le cerveau fabrique une atmosphère détaillée et met en scène des scénarios complexes qui sont capables de susciter des émotions très fortes même chez les adultes», explique la psychologue Geneviève Robert. Pour comprendre ce qui sépare le cauchemar du mauvais rêve, la chercheuse et son collègue, Antonio Zadra, ont recueilli le récit de presque 10 000 rêves auprès de 572 participants.

Entre les pages de récits, les chercheurs se sont penchés plus particulièrement sur 253 cauchemars et 431 mauvais rêves afin de les classer par contenu: agressions physiques (31,5%), conflits interpersonnels (29,5%), impuissance ou échec (17%), inquiétudes et angoisses (11%), etc. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, la peur ne constitue pas l’élément central des cauchemars et des mauvais rêves, bien qu’elle reste très présente au sein de 65% des cauchemars et 45% des mauvais rêves. Diverses émotions —tristesse, culpabilité, colère, confusion ou encore dégoût— marquent les rêves vécus avec beaucoup d’acuité parfois.

L’intensité émotive départage d’ailleurs cauchemars et mauvais rêves. «Un cauchemar, c’est intense et cela vous réveille», précise la chercheuse. Tout le monde en ferait, mais les femmes s’en souviendraient plus souvent –ou s’y intéresseraient plus– comme le témoignent les nombreuses participantes de l’étude (six femmes pour un homme). «Les conflits interpersonnels les éveillent plus souvent la nuit que les cauchemars d’agressions physiques, contrairement aux hommes.»

Soigner les cauchemars

Si les deux chercheurs s’intéressent au contenu des cauchemars, c’est parce qu’ils suscitent de nombreux troubles du sommeil. Ils raniment la détresse des victimes de stress post-traumatique et provoquent des insomnies chez de nombreux patients. Un rêve effrayant se soignerait par la prise de médicaments ou quelques séances de psychologie comportementale. «Visualisation et autres traitements peuvent aider lorsque les cauchemars ont un impact important sur la qualité du sommeil», confirme-t-elle.

Inutile d’espérer effacer tous ses cauchemars pour autant, car «le cauchemar, comme le rêve, est un matériel clinique très intéressant qui donne accès aux émotions du patient et favoriser les prises de conscience». En l’absence de souffrance, cette manifestation onirique aurait donc sa raison d’être.

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