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La lombalgie, une douleur localisée au niveau des vertèbres du bas du dos, serait la première cause de consultation des médecins de famille au Québec, qui réfèrent leurs patients aux radiologistes pour dépister la cause des souffrances.

Un geste inutile? «Les douleurs lombaires, c’est le mal le plus répandu des bipèdes. Sur la radiographie, on trouve toujours quelque chose après l’âge de 40 ans: un disque déformé, un petit déplacement. Ce geste médical, souvent réclamé par les patients, ne change, ni l’issue, ni le parcours du traitement», relève cependant Laurent Marcoux, président de l’Association médicale du Québec (AMQ).

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Selon lui, ce genre de diagnostic coûte cher et représente un risque superflu pour le patient. «C’est une question de culture. On pense souvent —et à tort— que plus, c’est mieux!»

Avec le vieillissement de la population québécoise et le souci d’une gestion optimale du système de santé —un élément déjà présent dans le rapport Clair de la Commission d’étude sur les services de santé et les services sociaux, le 1er Symposium québécois sur le surdiagnostic, organisé récemment à Montréal par le comité scientifique de l’AMQ, a mobilisé près de 120 personnes.

Ce rendez-vous s’inscrivait dans une mouvance de questionnements sur le système de santé, ses coûts et une croissante préoccupation d’optimisation des soins —un débat qui trouve aussi écho au sein d’autres provinces canadiennes, aux États-Unis et même à l’international.

Des maux et des actes

La récente controverse autour des mammographies a relancé le débat sur les gestes médicaux à favoriser et ceux à proscrire. L’auteur de la récente étude sur la question, Anthony Miller, était l’un des invités de marque de ce symposium. Le document sur l’optimisation de la pratique clinique, destiné aux médecins, ainsi que le rapport sur la situation du système de santé québécois ont formé la toile de fond de cette journée d’ateliers.

L’AMQ a aussi lancé pour l'occasion la campagne Choisir avec soin – la version francophone de Choosing Wisely Canada —destinée à mieux outiller les médecins et à sensibiliser les patients aux actes potentiellement inutiles.

Cinq gestes médicaux seraient à remettre en question selon différentes sociétés médicales: l'imagerie médicale pour les douleurs du bas du dos sans signaux d’alarme, les antibiotiques pour les infections virales des voies respiratoires supérieures, les frottis cervicovaginaux (test Pap) chez les moins de 21 ans et les plus de 69 ans. Une autre vague de recommandations sera publiée l’automne prochain.

«Il ne faut ABSOLUMENT PAS généraliser et chaque situation est unique!», rappelle cependant la chirurgienne-oncologue et chef de la clinique du sein de l'Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, Dominique Synnott. Le surdiagnostic existe dans le monde et pas seulement au Québec. «Malheureusement, l'emphase que l'on tente de mettre sur la prévention a glissé en surdiagnostic. Le message peut toutefois être mal compris. Les malades ne doivent pas cesser leur traitement ou le dépistage, ce serait un message dangereux», avertit-elle. De nombreuses maladies, tels le cancer de la prostate ou certains cancers de la thyroïde, n'ont pas toujours de traitement, mais nécessitent un suivi adéquat.

Entre prévention et suivi, il incombe de tracer la ligne claire des actes médicaux nécessaires et à ne pas abandonner par souci d’économie, rappellent les chercheurs.

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