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Les fours traditionnels —au bois, au charbon— continuent de brûler dans des centaines de millions de foyers de la planète, en dépit des efforts pour les éradiquer. Comme la population mondiale augmente, leur nombre augmente, et du coup, les problèmes de santé continuent d’augmenter.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) évaluait en 2010 à 2 millions le nombre de personnes qui meurent chaque année d’intoxication à la fumée de ces fours qualifiés de «rudimentaires» dans les pays riches. Les toxines relâchées constituent un des cinq plus gros problèmes de santé des pays en voie de développement, causant des maux allant de la pneumonie au cancer du poumon. Au point d’avoir inspiré cette année-là le lancement d’une «Campagne des fours propres» (Global Alliance for Clean Cookstoves), visant en priorité la santé des femmes —puisque ce sont elles qui font la cuisine, ce qui les place en première ligne parmi ces millions de victimes... avec les enfants.

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Cette initiative, toujours en cours, est un partenariat réunissant des compagnies, des groupes environnementaux et des groupes d’aide au développement, des experts en épidémiologie et en climatologie, avec le parrainage de la secrétaire d’État américaine d’alors, Hillary Clinton. L’initiative vise l’élimination de 100 millions de fours artisanaux, au profit de fours propres, d’ici 2020.

Sauf que ces belles intentions sont pour l’instant un échec. La revue Nature cite des observations en Inde où beaucoup des nouveaux fours propres dorment dans un coin de la pièce, inutilisés ou brisés. Les premiers avaient un défaut de fabrication. Mais les nouveaux sont souvent rejetés par des femmes en Inde parce qu’ils sont jugés trop petits pour soutenir leurs seaux d’eau bouillante, ou parce qu’ils ne chauffent pas assez pour faire cuire suivant leurs bonnes vieilles habitudes... Et on parle ici de villages qui ont adopté rapidement les téléphones cellulaires et la télé par satellite...

De tels développements sont familiers aux programmes d’aides au pays du Sud: une innovation qui semble, sur papier, parfaite, ne répond pas à une demande sur le terrain. Sauf que dans le cas des fours, on en sait de plus en plus sur les impacts des émanations toxiques: selon une étude parue plus tôt cette année dans Environmental Health Perspectives , le nombre de morts évitables s’élèverait à 4 millions par an, plutôt que 2 millions. Et l’OMS, dans sa plus récente estimation, relève le chiffre à 4,3 millions, dont un million en Inde seulement, ce qui le rangerait dans la catégorie des risques globaux pour la santé —après la haute pression, le tabac et l’alcool.

Et ça ne s’améliore pas. Si le pourcentage de ces fours décroît bel et bien, la population mondiale augmente plus vite, et c’est pourquoi le nombre d’utilisateurs est encore plus élevé aujourd’hui qu’en 2010. Amener la technologie est une chose, changer un comportement en est une autre.

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