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Les calottes glaciaires fondent progressivement. Mais y a-t-il un point de non-retour, un seuil au-delà duquel la fonte ne pourra plus être arrêtée?

Au Groenland, c’est ce qui semble s’être passé il y a 400 000 ans, et les chercheurs américains qui viennent de publier leurs observations espèrent qu’elles aideront à éclairer ce qui est en train de se produire.

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La clef de l’énigme: une couche de sédiments. Un glacier, en glissant vers la mer, entraîne des tonnes de cailloux avec lui, qui se déposent au fond de l’eau. Ce qu’a observé l’équipe dirigée par Alberto Reyes, de l’Université du Wisconsin à Madison, c’est une carotte de sédiments recueillie au sud du Groenland: 440 000 années d’histoire. Qui révèlent un trou: une période d’environ 10 000 ans, il y a 400 000 ans, pendant laquelle pratiquement aucun sédiment ne s’est déposé au fond de l’eau. La raison, écrivent ces chercheurs dans Nature : pendant ce laps de temps, il ne restait plus de glacier dans la région pour descendre dans la mer. Tout avait fondu.

Or, les climatologues ont depuis longtemps établi que 400 000 ans, c’est aussi le plus récent moment où la Terre était de quelques dixièmes de degré plus chaude qu’aujourd’hui.

La question est de savoir de combien de dixièmes de degré. Quel est le seuil au-delà duquel les glaciers du sud groenlandais de l’époque ont tous fondu, et avons-nous déjà dépassé ce seuil?

L’autre donnée qu’ll est possible de calculer est qu’à cette époque, le niveau des océans était de 6 à 10 mètres plus élevé qu’aujourd’hui —et les plus pessimistes vont jusqu’à parler de 13 mètres. Ce qui inclut la fonte d’une partie de l’autre grande calotte glaciaire, celle de l’Antarctique, elle que les glaciologues ont encore moins eu le loisir d’étudier jusqu’ici... Or, là-bas aussi, d’autres experts ont évoqué, pas plus tard que le mois dernier, un point de non-retour pour la partie ouest de l’Antarctique.

Lors du prochain été de ce continent blanc —soit l’hiver prochain dans l’hémisphère nord— au moins trois de ses glaciers feront l’objet d’une grande attention de la communauté internationale.

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