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Avez-vous jamais entendu parler d'un «cartel de citations»? Si vous n’êtes pas en recherche, il y a peu de chances. Et même en recherche, on préférerait ne jamais en avoir entendu parler.

Un éditeur de revues scientifiques, SAGE Publishers, a annoncé le 8 juillet qu’il retirait 60 articles d’un seul coup des archives du Journal of Vibration and Control, après une enquête qui a révélé l’existence d’un carnel ou «anneau de citations et de révisions par les pairs» (en anglais, citation ring). En termes simples: un chercheur (ou plus), Peter Chen, qui s’est auto-cité et auto-révisé.

Même pour les auteurs du blogue Retraction Watch, Adam Marcus et Ivan Oransky, qui traitent à l’année longue d’articles retirés pour des raisons souvent peu honorables, c’est une affaire à part. Ce n’est pas la première fois, soulignent-ils, que des articles sont retirés parce que l’auteur avait falsifié la révision —en la signant lui-même sous un nom d’emprunt. Mais le cas précédent, en 2012, celui du biologiste sud-coréen Hyung-In Moon, n’affectait «que» 35 articles. Avec 60 d’un seul coup, on change de catégorie.

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L’histoire a d’ailleurs valu aux deux blogueurs de déborder de l’auditoire habituel de Retraction Watch, pour publier une lettre d’opinion dans le New York Times , en complément du reportage que ce journal consacre à l’affaire Peter Chen.

Le retrait des 60 articles est l’aboutissement d’une enquête de 14 mois menée par l’éditeur, autour du chercheur taïwanais Peter Chen, alors à l’Université nationale d’éducation de Taïwan, «et possiblement d’autres auteurs de l’institution». Dans sa notice publiée le 8 juillet, l’éditeur ajoute, sans donner de détails, que Chen avait été confronté en septembre à ces accusations et que «nous n’avons pas été satisfaits par ses réponses». Peter Chen a démissionné le 2 février.

Le ministre de l’éducation de Taïwan, dont le nom apparaît comme co-auteur de certains de ces articles, a annoncé sa démission le 14 juillet.

Pour Chen, comme pour Hyung-In Moon, le truc consistait à créer différentes identités sur le serveur de l’éditeur, avec chaque fois une adresse courriel différente, afin que ces «chercheurs» offrent leurs services comme réviseurs des textes soumis pour publication. L’éditeur mentionne avoir localisé 130 adresses dont l’identité n’a pu être vérifiée.

Le bon côté derrière ces vagues de rétractations, soulignent Marcus et Oransky, c’est qu’elles montrent qu’il est de plus en plus difficile aux fraudeurs de passer inaperçus. Le mauvais côté, ajoutent-ils dans leur texte du Times , c’est que les projets de réformes évoquées depuis quelques années pour lutter contre cette maladie semblent piétiner.

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