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Il n’y a sans doute pas un seul Québécois de plus de 25 ans qui ait oublié un certain commandant Robert Piché qui, en août 2001, a sauvé la vie de ses 306 passagers en faisant atterrir presque miraculeusement un appareil d’Air Transat sur une île de l’Atlantique. Mais les passagers, comment s’en souviennent-ils?

Une recherche parue la semaine dernière dans la revue Clinical Psychological Science, apporte un éclairage doublement inédit : d’une part, parce que peu d’études en psychologie ont eu sous la main un tel groupe de gens ayant frôlé la mort pendant 30 minutes. D’autre part, parce que l’auteure principale de la recherche... était à bord de l’appareil, ce 24 août 2001.

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« Imaginez votre pire cauchemar —c’était comme ça », explique Margaret McKinnon, qui a commencé cette étude comme chercheure post-doctorale, et qui est aujourd’hui chercheure clinicienne à l’Université McMaster d’Hamilton, Ontario. La conclusion de cette étude : bien sûr, les passagers ont conservé des souvenirs très vifs de ces fameuses 30 minutes. Toutefois, la précision ou la force de leurs souvenirs ne paraît pas être associée avec un degré plus ou moins élevé de stress post-traumatique.

Les chercheurs ont particulièrement suivi 15 des passagers, chez qui ils ont comparé leurs souvenirs avec ceux dont ils avaient des attentats du 11 septembre 2001, survenus trois semaines plus tard. Sans surprise, les détails de ce qui aurait pu être la dernière demi-heure de leur vie sont beaucoup plus riches —l’annonce par l'équipage qu’un écrasement sur l’eau était imminent, les vestes de sauvetage, les lumières qui s’éteignent, les masques à oxygène qui tombent, le compte à rebours... Mais contrairement à ce qu’on aurait pu croire, aucune corrélation ne se dégage entre souvenirs et stress post-traumatique.

« Nous pensions que les gens ayant souffert de stress post-traumatique auraient des souvenirs plus vifs parce qu’ils ont plus de flashbacks, qu'ils y pensent davantage », mais il n’en est rien. Les recherches sur le stress post-traumatique devraient plutôt creuser, suggère cette étude, non du côté des souvenirs d’un événement précis, mais de la façon dont une personne « intègre » en général ses souvenirs.

Le vol Air Transat 236, parti de Toronto pour Lisbonne, avait fait les manchettes à travers le monde après son atterrissage forcé sur une île de l’archipel des Açores. Son pilote, Robert Piché, avait fait descendre son Airbus comme s’il s’était agi d’un planeur —on en parle comme du « plus long vol plané d’un transporteur commercial »— après qu’une défaillance technique lui eut fait perdre tout son carburant. Un film inspiré de ces événements est sorti en 2010.

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