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Si les nouvelles sur les Néandertaliens fascinent autant de gens, c’est parce que cela questionne qui nous sommes : voici une espèce humaine, mais pas tout à fait comme «nous». Différente jusqu’à quel point? Comment pensaient ces gens? Et qu’avons-nous hérité d’eux?

Grâce à de nouvelles techniques de datation, dans l’édition du 20 août de la revue Nature , une étude fait le point sur la durée de temps pendant laquelle Homo sapiens et Homo neanderthalensis se sont côtoyés en Europe, et la réponse est : plusieurs milliers d’années de plus que ce qu’on pensait jusqu’ici. Aux yeux des chercheurs, cela permet d’écarter un des scénarios, celui d’un groupe —nous— qui aurait simplement éliminé l’autre, et cela oblige à envisager un scénario plus complexe, fait d’échanges entre deux «cultures».

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Mine de rien, c’est un débat vieux d’un siècle : d’un côté, ceux qui privilégient la thèse d’une extinction forcée des Néandertaliens par des humains mieux adaptés au climat, mieux outillés pour chasser, voire plus intelligents. De l’autre, ceux qui recherchent des traces d’hybridation dans la fabrication d’outils, dans l’art et, plus récemment, dans la génétique.

On sait ainsi, depuis peu, que les populations non-africaines d’aujourd’hui portent de 1 à 2% de gènes néandertaliens, vraisemblablement hérités d’échanges pré-européens, vieux de 60 à 100 000 ans. Mais concrètement, qu’est-ce que cela signifie?

La recherche ne va pas dans cette direction mais ouvre la porte à une relecture de cette page floue de notre préhistoire. Parce que sur la base de l’analyse de 196 datations au radiocarbone dans 40 sites européens allant de la Russie à l’Espagne, l’équipe internationale conclut par exemple que les Néandertaliens étaient encore en Italie jusqu’il y a 40 000 ans, mais plus ensuite. Ils arrivent à des résultats similaires en différents coins d’Europe.

«Humains et Néandertaliens ont vécu côte à côte dans différentes parties de l’Europe pendant un gros laps de temps», résume l’archéologue britannique et chercheur principal, Tom Higham. Cette longue période «fournit suffisamment de temps pour des échanges culturels et sexuels.»

Cela dit, il est des choses que cette recherche ne dit pas. Contrairement à ce qu’on a pu lire sur certains sites, elle ne dit pas que les Néandertaliens sont «disparus» il y a 40 000 ans : ce serait nier l’existence de Néandertaliens à Gibraltar il y a 28 000 ans, ce que ces chercheurs ne font pas.

Du coup, en dépit de ces échanges culturels, l’idée que nous ayons contribué à leur extinction n’est pas à écarter. Selon Higham, la population de Néandertaliens était déjà en déclin lorsque les Homo sapiens sont arrivés en Europe, il y a environ 45 000 ans. Une compétition pour les mêmes ressources aurait pu être le coup de grâce qui a conduit à leur repli progressif, sous la forme de groupes de plus en plus petits et de plus en plus isolés, jusqu’à l’extinction des derniers, comme ce fut peut-être le cas à Gibraltar il y a 28 000 ans.

Le défi, pour les futurs chercheurs qui voudraient démontrer le contraire, sera donc d’apporter des preuves qu’au contraire, des populations importantes de Néandertaliens vivaient toujours en Europe il y a 35 à 40 000 ans.

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