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Est-ce de l’art ou le plus ancien graffiti de l’histoire? Peu importe: quelle qu’ait été l’intention de son auteur, l’important est qu’il y avait une intention. Il lui a fallu gratter la pierre au moins 188 fois pour tracer 13 lignes formant un mystérieux tic-tac-toe. Et c’était il y a plus de 39 000 ans.

Depuis une semaine, un débat court autour de ces lignes : pour ses découvreurs, il s’agit de la première manifestation artistique qu’on puisse attribuer sans hésitation à des Néandertaliens, puisque c’est dans leur caverne, à Gibraltar, qu’on a retrouvé ces lignes. Et qu’il n’y avait pas encore d’Homo sapiens dans les parages à cette époque.

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Pour les autres, aussi abstraites que puissent être ces lignes, c’est leur datation et leur attribution qui est sujette à caution. Sans compter que la définition de ce qu’est de « l’art » a elle aussi fait jaser ces derniers jours.

C’est que l’apparition de l’art a toujours été considérée par les archéologues comme la clef pour marquer le passage, il y a quelques dizaines de milliers d’années, vers un humain capable d’une pensée abstraite et d’une projection dans le futur —bref, nous. Pour faire de l’art —les peintures rupestres ou les minuscules figurines en os ou en coquillage vieilles de plus de 30 000 ans— il faut un cerveau capable de mettre en mots ou en images des pensées, des rêves, des peurs : il faut un langage.

Mais où commence « l’abstraction »? Où commence « l’art »? On a longtemps cru que les Néandertaliens en étaient privés, et voici que ces dernières années, les découvertes de coquillages colorés —les plus anciens bijoux?— et de pigments ont remis cette affirmation en question.

On savait déjà que cette caverne —étudiée depuis les années 1980— avait été occupée par des Néandertaliens pendant des milliers d’années. Ce qui a été découvert sur le plancher de la caverne Gorham, à Gibraltar, ne fait que 20 cm par 20 cm —«la taille d’un frisbee»— et ne consiste qu’en ces 13 lignes de quelques millimètres de profondeur qui s’entrecroisent. C’est en juillet 2012 qu’on en a fait la découverte, dans un corridor étroit situé à l’écart.

Faut-il voir dans ces lignes un signal pour les autres résidents de la grotte, un message pour les esprits, ou une représentation de quelque chose? Il est peu probable qu’on puisse jamais entrer dans la tête de l’auteur. Mais l’effort derrière son tracé est indéniable: un outil de pierre pointu a été utilisé pour passer et repasser plusieurs fois dans chaque ligne, afin d’assurer leur netteté.

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