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On ne sait pas s’il y a de la vie sur cette lune glacée de Jupiter appelée Europe. Mais elle semble bien vivante.

Du moins, «vivante», au sens géologique du terme. C’est-à-dire que ça bouge, là-bas: l’épaisse couche de glace qui enserre cette lune de Jupiter verrait des fragments se déplacer à la manière des plaques tectoniques terrestres —et ces mouvements, du coup, seraient juste ce qu’il faut pour favoriser l’éclosion de la vie.

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Explication. Europe, qui est plus petite que notre propre lune, peut être comparée à un oignon à trois couches. Au centre, une lune comme on l’imagine: couche de roc. Au-dessus, une couche de 20 à 30 km d’épaisseur de glace, au moins. Et entre les deux, peut-être, une couche d’eau.

La grosse inconnue, c’est cette couche d’eau. Comme aucun instrument ne nous permet de voir à travers 30 km de glace, les planétologues en sont réduits à des spéculations: si c’est un véritable océan, il y a plus d’eau sur Europe qu’il n’y en a sur la Terre. Si c’est une mince couche de neige mouillée, ça peut expliquer les fissures et crevasses qui forment la surface visible d’Europe —mais ça augure mal pour d'éventuelles formes de vie.

Pour essayer de trancher, le géologue Simon Kattenhorn et la planétologue Louise Prockter ont analysé les images disponibles d’Europe pour traiter cette couche de glace comme s’il s’agissait d’un casse-tête géant. Dans l’édition du 7 septembre de Nature Geoscience , ils affirment, morceau du casse-tête manquant à l’appui, pouvoir démontrer qu’il y a bel et bien du mouvement : d’immenses fragments de glace se déplacent, non seulement horizontalement, mais surtout, du haut vers le bas.

Autrement dit, ce vaste oignon n’est pas statique et donc, inerte. Des minéraux, de la matière organique et peut-être même, qui sait, des microbes, peuvent «voyager» de l’océan à la surface et vice-versa. Du matériel venu de l’extérieur —amené par des comètes, par exemple— peut enrichir régulièrement l’intérieur.

Cette recherche est à mettre en relation avec une annonce, en décembre dernier, qui disait qu’on avait détecté un geyser de vapeur d’eau à la surface d’Europe. Le geyser n’a pas été revu depuis, mais dans l’hypothèse optimiste, il s’agit d’une de ces «fuites» inévitables lorsqu’une crevasse expose brièvement une partie de l’océan au vide cosmique.

Reste que ce qu’on peut apprendre en déchiffrant les photos de la sonde Galileo (en orbite autour de Jupiter de 1995 à 2003) demeure limité. De meilleures photos d’Europe seraient souhaitables, comme en rêvent ceux qui militent depuis 20 ans pour l’envoi d’un nouveau robot là-bas. L’agence spatiale américaine n’a aucun plan formel pour une telle mission, mais plusieurs idées sur les planches à dessin, qui vont d’une sonde vouée à l’étude des lunes glacées de Jupiter, jusqu’à un engin qui irait se poser sur Europe et tenterait de forer la glace.

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