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Dans la liste des 100 articles les plus souvent cités «de tous les temps», la surprise ne se trouve pas dans cette liste... mais dans ce qui ne s’y trouve pas.

La structure en double hélice de l’ADN, publiée en 1953 dans Nature? Pas dans le «top 100» des articles scientifiques les plus souvent cités. Pas plus que la découverte du trou dans la couche d’ozone ou les premières observations de l'accélération de l'expansion cosmique —observations qui ont valu à leurs découvreurs le Nobel 13 ans plus tard, en 2011.

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Un rappel pour les non-scientifiques. Le nombre de citations constitue la mesure par laquelle la communauté scientifique évalue la «valeur» d’un article —en tenant compte aussi de l'importance de la revue où a été publié cet article. C’est une mesure dont se serviront aussi des organismes subventionnaires pour juger de la «valeur» d’un chercheur, sans parler des employeurs: universités, centres de recherche et compagnies privées. Cet index des citations, ou Science Citation Index (SCI), n’est vieux que de 50 ans. Mais dans ce bref laps de temps, il s’est imposé aux quatre coins du monde.

Mais il est aussi souvent contesté et les absents de cette liste ne contribueront pas à améliorer sa propre valeur. En fait, c’est le 50e anniversaire de l’index qui a conduit la revue Nature à se livrer à l’exercice, avec l’aide de la compagnie Thomson Reuters, aujourd’hui propriétaire du SCI. La base de données qui a été ainsi fouillée inclut les sciences sociales, les compte rendu de conférences et même certains livres, de 1900 à aujourd’hui. En tout, 58 millions d’items.

L’article «gagnant», avec 305 000 citations, est ainsi révélateur de la suite de la liste: il s’agit d’un article de 1951 décrivant une méthode pour calculer la quantité de protéines dans une solution. En quoi est-ce révélateur? C'est que la majorité des articles de la liste décrivent, comme celui-ci, des méthodes expérimentales ou des technologies qui sont devenues indispensables dans leurs domaines. Plutôt que des découvertes comme celle de l'ADN ou des théories comme celle du Boson de Higgs.

Nature note que même l’auteur principal de l’article de 1951, le biochimiste américain Oliver Lowry, avait écrit dès 1977 être le premier étonné de la «popularité» de son texte.

Mais si le critère «utile en laboratoire» s’avère plus déterminant pour l’index de citations que le critère «découverte», qu’est-ce que cela nous apprend sur la valeur réelle de cet index des citations?

La biologie bénéficie par exemple d’un gros avantage: par exemple, l’analyse des protéines occupe les trois premiers rangs parce que ces techniques sont devenues des outils indispensables dans plusieurs domaines qui, par ailleurs, ont tous connu une expansion considérable depuis 50 ans. C'est ainsi que l’ADN, la génétique ou la cellule sous toutes leurs coutures, reviennent fréquemment dans le «top 100». Aucun secteur de la physique ou de la chimie ne peut espérer les concurrencer sur ce terrain.

Étonnamment, la statistique est assez bien représentée... mais c’est là encore grâce à la biologie ou du moins au secteur biomédical. L’article qui se glisse en 11e place par exemple (par Edward Kaplan et Paul Meier), détaille une méthode permettant de détecter des tendances dans des groupes de participants à des tests de médicaments.

Un prix de consolation, note l’équipe de Nature : certaines percées véritablement déterminantes, voire révolutionnaires, comme une certaine théorie de la Relativité, ne figurent pas dans cette liste parce qu’elles ont été rapidement intégrées aux manuels et du coup, sont devenues si familières qu’elles n’ont plus besoin d’une note de bas de page. L’âge joue aussi: les plus vieux articles auront eu davantage de temps pour «accumuler les citations»...

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