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Après l’optimisme né de l’accord Chine-USA sur le climat le mois dernier, la conférence annuelle sur les changements climatiques est revenue à ses vieilles habitudes: les pays les plus pauvres se plaignent que les plus riches n’en font pas assez et les plus riches hésitent à s’engager.

Alors que la deuxième et dernière semaine de cette conférence est bien entamée, et que les ministres et chefs d’État arrivent à leur tour à Lima, ceux-ci vont être pressés de mettre sur la table non pas seulement des promesses de réductions des gaz à effet de serre (GES), mais des promesses de contribution au Fonds vert sur le climat, qui est encore bien loin des 10 milliards annoncés en 2009.

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Les États-Unis et l’Union européenne ont clairement dit que de trop accorder d’attention à des promesses d’investissement dans ce fonds serait une distraction des promesses de réductions d’émissions. Toutefois, le cyclone Hagupit qui a frappé les Philippines dimanche, rappelle opportunément combien la facture de l’adaptation aux changements climatiques sera un élément primordial des futures négociations.

Arrivée lundi, la délégation des Philippines s’est empressée d’en appeler à tous les pays, «incluant les pays en voie de développement» qu'ils s’engagent à une réduction des émissions de GES.

Au-delà des sous et des GES, un troisième point litigieux, et sur lequel un accord global est encore moins probable cette semaine, est la vérification si un pays s’engage à réduire ses émissions de tel pourcentage, qui vérifiera? Plus important, y aura-t-il une pénalité à payer si un pays n’atteint pas son objectif? Sans surprise, les états insulaires du Pacifique défendent l’idée d’une pénalité, tandis que la Chine y est violemment opposée.

Comme l’explique l’ancien ambassadeur néo-zélandais Adrian Macey au Scientific American , il est possible d’analyser tout ce qui se passe cette semaine comme un jeu d’échecs, où les négociateurs placent leurs pions non en fonction de cette semaine, mais en fonction de la prochaine conférence, à Paris l’an prochain. N’empêche que de trop mettre sur le frein maintenant pourrait avoir un impact dévastateur sur la suite, réagit le directeur politique du Conseil américain de défense des ressources naturelles:

Si nous arrivons à la fin de la semaine et que l’humeur est très négative, alors que nous venons tout juste de faire bouger l’une des plus grosses barrières des 20 dernières années [l’accord entre la Chine et les États-Unis] alors il y a vrai problème avec ce processus.

Les trois enjeux à suivre cette semaine

Un document circule parmi les négociateurs: 23 pages contenant tous les éléments susceptibles de faire partie du traité international qui pourrait être voté à Paris l’an prochain. Ce document devrait être la base de discussion des prochains jours, sauf que tout le monde ne s’est même pas entendu pour que ce soit la base de discussion. Reste les questions plus générales:

  • Les négociateurs quitteront-ils Lima, le 13 décembre, avec un engagement chiffré de réduction des gaz à effet de serre d’une majorité de pays? Si oui, en vue de 2025 ou de 2030?
  • Les négociateurs quitteront-ils Lima avec une entente, aussi faible soit-elle, sur des négociations en vue de mettre en place un éventuel mécanisme de vérification de ces réductions?
  • Le cyclone Hagupit aux Philippines, fournira-t-il le prétexte qu’attendaient certains pays riches pour contribuer au Fonds sur le climat?

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