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Pas difficile de deviner qu’en 2015, davantage de paires d’yeux se dirigeront vers une certaine comète visitée par une certaine sonde spatiale, ainsi que vers la lointaine Pluton. Et le reste?

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De l’époque où nous apprenions à l’école que les planètes étaient au nombre de neuf, Pluton était la seule à n’avoir jamais été approchée par un engin venu de la Terre. Cette lacune appartiendra au passé: entre février et juillet, la sonde américaine New Horizons enverra des photos qui remplaceront une fois pour toutes les rares images floues que l’on avait jusqu’ici de Pluton. Le 14 juillet, elle passera à seulement 10 000 kilomètres de cette planète naine.

Pas de chance pour New Horizons, elle risque toutefois d’être détrônée de son titre d’événement de l’année 2015 si la sonde européenne Philae se réveille du sommeil dans lequel elle est plongée depuis son arrivée sur la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko en novembre. L’Agence spatiale européenne place beaucoup d’espoirs sur l’angle dans lequel ses panneaux solaires seraient orientés, peut-être juste assez pour recharger ses batteries à mesure que la comète s’approchera du Soleil: elle en sera au plus près en août. D’ici là toutefois, et jusqu’à la fin de l’année au moins, l’autre sonde, Rosetta, continuera de tourner autour de la comète, et continuera de récolter des données sur ce qui s’en échappe alors qu’elle se fait réchauffer par le soleil.

À signaler aussi: en mars, la sonde américaine Dawn atteindra Céres, le plus gros des astéroïdes situés entre Mars et Jupiter.

Changement climatique papal

On aura toute l’année pour spéculer sur ce qui se passera en décembre lors de la conférence de Paris sur les changements climatiques. Mais en attendant, un autre joueur international risque de s’inviter dans la discussion: le pape. Des sources bien informées ont révélé qu’une encyclique sur les changements climatiques serait en préparation, c’est-à-dire un document détaillant la position officielle de l’Église. Si, comme les experts le supposent, la protection de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique devaient être définies ce printemps comme des priorités, ça aurait un impact important, en particulier dans les pays du sud où la religion catholique occupe encore une place prépondérante.

Santé: Ebola et antibiotiques

Les travailleurs de la santé ont bon espoir de venir à bout de l’épidémie d’Ebola en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia cette année. Du moins, cette épidémie-ci, qui a été, et de loin, la plus meurtrière en 40 ans de chocs frontaux avec Ebola. En prévision de l’épidémie suivante toutefois, deux vaccins auront commencé à être testés sur le terrain. Des résultats préliminaires sont attendus en juin.

Un nom à surveiller en 2015: Joanne Liu, médecin québécoise au parcours hors du commun, devenue présidente internationale de Médecins sans frontières à l’été 2013, alors que personne ne soupçonnait qu’Ebola deviendrait sa plus grosse bataille...

Autre dossier médical, plus inquiétant à long terme: la résistance aux antibiotiques. Rien n’indique que 2015 sera son année, tant ce dossier évolue lentement. N’empêche qu’un rapport de l’Organisation mondiale de la santé, en avril 2014, a pour la première fois mis des chiffres sur ce à quoi ressemblerait «un monde post-antibiotiques»: 100 millions de morts «évitables» en 2030... Même les économistes commencent à y réfléchir.

Physique: le retour du LHC

Retour en service, en mars, du LHC (Large Hadron Collider), le méga-accélérateur de particules européen. Après une interruption de deux ans, il devrait générer des collisions entre particules générant jusqu’à 13 billions d’électrons-volts, près du double du sommet que le LHC avait lui-même atteint lors de sa «première phase». Si cette phase a permis de «voir» le boson de Higgs, les objectifs sont plus flous pour la suite: les physiciens entrent dans un territoire inconnu, où leur théorie globale —le Modèle standard— contient des trous dont on ne sait trop par quoi ils seront comblés. Des particules encore inconnues ou bien une nouvelle théorie à l’horizon?

Biologie (synthétique)

Il y a quelques années, quand on parlait de biologie synthétique —littéralement: produire en laboratoire un code génétique différent— on n’imaginait pas que la première application serait un... substitut du sucre. La compagnie de biotechnologie suisse Evolva, en collaboration avec le producteur canadien d’aliments Cargill, prévoit ainsi mettre en marché des glycosides de stéviol produits artificiellement à partir d’un micro-organisme, plutôt qu’à partir d’une plante —permettant ainsi, une production à plus grande échelle de ce substitut du sucre très populaire parce qu’il contient... zéro calorie.

Dans un tout autre ordre d’idée: l’optogénétique. En fin d’année auront lieu, en France, les premiers essais cliniques consistant à insérer un gène censé restaurer la vue. Ou du moins, la capacité à distinguer la lumière de l’obscurité, chez des gens qui sont nés avec des cellules qui, dans leurs yeux, sont dépourvues du gène dont la fonction est de réagir à la lumière.

La biologie de nos ancêtres

Deux recherches en cours devraient jeter une nouvelle lumière sur nos ancêtres.

  • La première tourne autour de 1500 os appartenant à une douzaine d’hominidés, trouvés dans une caverne d’Afrique du Sud en 2013. Ce trésor mobilise plus d’une centaine de chercheurs, et les premières annonces sont prévues d’ici au printemps. Déjà, cette région avait donné des squelettes vieux de 2 à 3 millions d’années, soit l’époque présumée de la séparation entre les australopithèques et la lignée qui allait conduire à nous.
  • La deuxième tourne autour des gènes d’un ancêtre de 400 000 ans. Les paléogénéticiens espèrent compléter le décodage de cet individu retrouvé dans une caverne du nord de l’Espagne. Le décodage de son génome mitochondrial avait été publié en 2013.

Quoi qu’il arrive, un point commun déjà acquis pour ces deux recherches: l’arbre généalogique humain va se révéler plus complexe qu’on ne l’avait appris à l’école...

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